13.12.07 - FRANCE/RWANDA - UNE DEMANDE D'EXTRADITION RWANDAISE ENCORE - REPOUSSEE

Paris, 13 décembre 2007 (FH) - Avant de rendre sa décision ou au moins d'examiner le dossier sur le fond, le 6 février prochain, le parquet général a demandé mercredi à la cour d'appel de Paris de faire préciser au gouvernement rwandais les accusations contre Isaac Kamali, citoyen français, recherché par Kigali pour sa participation présumée au génocide.

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Naturalisé français en 2002, M. Kamali a été arrêté en France le 22 juin, après avoir été refoulé des Etats-Unis, en vertu d'un mandat d'arrêt international émis par le Rwanda en octobre 2004.

Le Rwanda demande son extradition pour deux motifs. Le premier, concerne sa participation présumée au génocide dans la préfecture de Gitarama. Le second pour que soit exécutée une peine de réclusion criminelle à perpétuité à laquelle l'a condamné un tribunal rwandais en mars 2003. Il avait d'abord été condamné à mort, mais depuis la peine capitale a été abolie au Rwanda.

"La demande d'extradition ne correspond pas aux critères habituels d'un Etat qui souhaite la coopération d'autres Etats", a souligné le représentant du parquet général, Jean-Charles Lecompte. Selon lui Le Rwanda, qui "souhaite intégrer l'aire géographique des sociétés démocratiques", doit "apporter un certain nombre de précisions qui manquent".

Me Jean-Marie Biju-Duval, avocat de M. Kamali, a demandé à la cour de ne pas faire droit à cette demande du parquet général et de rejeter la demande d'extradition qui "émane d'un pays qui n'est pas de droit". La peine de mort a été commuée en réclusion criminelle à perpétuité incompressible, a-t-il dit. "Il y a un risque immense qu'il soit soumis à la torture", a-t-il assuré demandant à "la France de ne pas se faire l'instrument d'un régime criminel".

Interrogé par la chambre de l'instruction, M. Kamali, 58 ans, s'est dit "foudroyé par le génocide", une "grande partie" de sa famille d'ethnie tutsie ayant été éliminée. Il est, a-t-il dit, "un témoin gênant des crimes du FPR", dont est issu le président Kagame. "Le dossier est meublé avec des arguments faux et mensongers", a-t-il assuré. Kamali vit depuis dix ans en France où il enseigne les mathématiques.

Les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda ont été rompues en novembre 2006 à la suite de mandats d'arrêts lancés contre neuf proches de l'actuel président Paul Kagame dans le cadre de l'enquête sur l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994. La justice française estime que Paul Kagame a commandité cette attentat. Une thèse réfutée par Kigali.

Depuis les deux chefs d'etat, Nicolas Sarkozy et Paul Kagame se sont rencontrés à Lisvonne esquissant selon leurs propres termes les débuts d'une normalisation des relations entre les deux pays.

AP/PB/GF
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