6.02.08 -RWANDA/JUSTICE - UN CANDIDAT A LA DERNIERE PRESIDENTIELLE CONDAMNE POUR GENOCIDE

Arusha, 6 février 2008 (FH) – Un candidat à la dernière élection présidentielle rwandaise de 2003, Théoneste Niyitegeka, a été reconnu coupable d’avoir joué un rôle dans le génocide de 1994, et condamné mardi à 15 ans de prison par la juridiction gacaca d’appel du secteur Gihuma, dans la Province du Sud, a-t-on appris mercredi.

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Niyitegeka, dont la candidature avait été jugée irrégulière et rejetée par la commission électorale, avait voulu se présenter comme candidat indépendant. Il a été condamné à 15 ans de prison par la juridiction d’appel et a été immédiatement arrêté parce qu’il comparaissait libre, selon des témoins du jugement parmi lesquels des observateurs travaillant pour des organisations rwandaises de défense des droits de l’homme. Poursuivi pour complicité avec des militaires qui avaient tué des malades tutsis en convalescence, ce médecin qui travaillait à l’hôpital de Kabgayi (centre au Rwanda) pendant le génocide de 1994, avait été acquitté en première instance en octobre dernier, mais un des plaignants avait fait appel. Niyitegeka était nommément accusé d’avoir chassé ces malades du centre hospitalier, les livrant ainsi aux tueurs qui les attendaient à un barrage routier. Plusieurs autres médecins, dont le docteur Séraphin Bararengana, frère de l’ex-président Juvénal Habyarimana, ont été condamnés pour génocide soit par les tribunaux classiques soit par les juridictions gacacas. Bararengana, qui vit en exil, a été condamné par contumace. Inspirées des anciennes assemblées lors desquelles les sages du village réglaient des différends assis sur le gazon (gacaca, en langue rwandaise), les juridictions gacacas (prononcer gatchatcha) sont chargées de juger la presque totalité des auteurs présumés du génocide de 1994 qui a fait, selon Kigali, près d’un million de tués, essentiellement parmi la communauté tutsie. Elles ne sont pas animées par des magistrats professionnels mais par des personnes intègres désignées au sein la communauté. Elles peuvent prononcer jusqu’à la prison à vie. ER/AT/GF © Agence Hirondelle