12.03.08 - TPIR/SEROMBA - L’ABBE SEROMBA CONDAMNE EN APPEL A LA PRISON A VIE

Arusha, 12 mars 2008 (FH) - La chambre d’appel du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR)  a condamné mercredi à la prison à vie l’abbé Athanase Seromba qui s’était vu infliger 15 ans d’emprisonnement en première instance, a constaté l’agence Hirondelle.

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Premier prêtre catholique jugé par le TPIR, Seromba était, pendant le génocide de 1994, vicaire de la paroisse de Nyange, dans l’ouest du Rwanda.
 
« La chambre annule unanimement la peine de 15 ans de prison et impose, à la majorité, l’emprisonnement pour le restant de sa vie », a déclaré au terme de l’arrêt, le juge Mohammed Shahabuddeen. Les premiers juges l’avaient uniquement condamné pour « aide et encouragement » à commettre les crimes de génocide et d’extermination.
 
Les juges d’appel ont de leur côté estimé que « les actes de Seromba suffisent pour constituer une participation directe » dans les crimes de génocide et d’extermination, selon leur arrêt.
 
« Seromba a commis le génocide ainsi que l’extermination en tant que crime contre l’humanité en vertu de son rôle dans la destruction de l’église », ajoute le texte qui souligne que la responsabilité du prêtre va au-delà de l’aide et de l’encouragement.
 
La chambre d’appel a confirmé la conclusion des premiers juges selon laquelle l’homme d’église avait accepté la décision des autorités administratives locales de détruire son église.
 
L’église a été détruite par un bulldozer le 16 avril 1994 en pleine journée, tuant dans son effondrement, près de 1.500 Tutsis qui y avaient cherché refuge. Selon le jugement, Seromba a conseillé au conducteur de l’engin d’attaquer l’édifice religieux par son côté le plus fragile.
 
Interrogé à l’issue de cette audience, le procureur en chef adjoint du TPIR, le Sud- africain, Christopher Bongani Majola, a estimé que « la justice a été rendue ». « Il mérite cela », a-t-il dit.
 
Pour sa part, le conseil principal de la défense, Patrice Monthé, a reproché aux juges d’appel de « ne pas avoir pris en considération » les motifs d’appel du prêtre.
 
Devant ses juges, en première instance ou en appel, Seromba avait clamé son innocence, soutenant qu’il n’était qu’un simple prêtre qui ne pouvait arrêter les massacres.
 
Après la prise du pouvoir par le Front patriotique rwandais (FPR) en juillet 1994, l’abbé Seromba avait pris le chemin de l’exil. Etabli à Florence, en Italie, depuis 1997, il s’est rendu entre les mains du TPIR en février, pour, a-t-il toujours clamé, que la vérité se manifeste.
 
Deux autres prêtres catholiques, Emmanuel Rukundo et Hormisdas Nsengimana sont en procès devant le TPIR,
 
Un quatrième abbé rwandais inculpé par le TPIR, Wenceslas Munyeshyaka sera probablement jugé à Paris, le tribunal des Nations Unies d’étant dessaisi du dossier au profit de la justice française.
 
Depuis sa création le TPIR a condamné 30 personnes dont 11 à la détention à perpétuité.
 
ER/PB/GF
© Agence Hirondelle