La Russie "intensifie son offensive" et bombarde sans relâche l'est et le sud de l'Ukraine, selon l'armée ukrainienne, qui ne s'interdirait pas, a laissé entendre Kiev, de frapper des cibles militaires sur le territoire russe pour répondre à l'invasion.
Voici un point de la situation, à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
- L'Est -
"L'ennemi intensifie son offensive. Les occupants effectuent des frappes pratiquement dans toutes les directions, avec une activité particulièrement intense dans les régions de Kharkiv et du Donbass", a déclaré l'état-major des forces ukrainiennes dans sa note matinale.
Selon lui, l'armée russe tente d'empêcher le transfert de troupes ukrainiennes du nord vers l'est.
"Les Russes sont actuellement engagés sur un front de 100 km, ce qui est énorme. Ils intensifient leur poussée du nord vers le sud du Donbass dans des zones solidement défendues par les forces armée ukrainiennes", selon le colonel Pascal Ianni, le porte-parole de l'état-major français.
A l'ouest du Dniepr, le fleuve divisant verticalement l'Ukraine en deux, "les forces russes bombardent les ponts et les voies ferrées pour entraver les flux logistiques et empêcher le ravitaillement des forces ukrainiennes qui sont engagées dans ce chaudron (du Donbass)", selon la même source.
L'armée russe a de son côté détruit dans la nuit avec des "missiles de haute précision" deux dépôts d'armements et de munitions dans la région de Kharkiv et effectué des raids aériens sur 67 sites militaires ukrainiens, selon le ministère russe de la Défense.
Dans les villes bombardées, les pompiers ukrainiens foncent d'un incendie à l'autre, comme à Kharkiv où plus de 2.000 bâtiments ont été endommagés ou détruits par le feu, selon Ievguen Vassylenko, le porte-parole régional des services d'urgence ukrainiens.
- Le Sud -
Moscou a accusé les forces ukrainiennes d'avoir frappé mercredi soir "avec des missiles balistiques Totchka-U et des roquettes (...) des quartiers d'habitation du centre de Kherson", dans le sud de l'Ukraine.
L'administration locale russe a dit jeudi vouloir introduire à Kherson - la seule ville d'importance dont les Russes aient pris le contrôle complet - le rouble à la place de la hryvnia ukrainienne à partir du 1er mai.
Le ministère britannique de la Défense estime que quelque 20 navires et sous-marins russes sont actuellement opérationnels en mer Noire. En dépit de la perte du croiseur Moskva, qui a coulé le 14 avril -après une attaque ukrainienne selon Kiev-, la flotte russe en mer Noire "a toujours la capacité de frapper des cibles ukrainiennes et (en particulier) côtières", a-t-il souligné.
Par ailleurs, l'ONU veut préparer une tentative d'évacuation de Marioupol, la ville martyre sur la mer d'Azov, pilonnée et assiégée depuis le début de l'invasion russe le 24 février et dans laquelle seraient encore coincés quelque 100.000 civils.
Des centaines de militaires et de civils ukrainiens dont des dizaines d'enfants se trouvent notamment, assure Kiev, dans l'immense aciérie d'Azovstal, le dernier site aux mains des forces ukrainiennes à Marioupol, bombardé sans relâche. La résistance ukrainienne, "qui va être a priori jusqu'à la dernière cartouche, permet de fixer de nombreux soldats russes qui ainsi ne peuvent pas aller renforcer (...) dans le Donbass", juge l'état major français.
- Cibles militaires russes -
L'Ukraine a "le droit" de frapper des cibles militaires russes, a affirmé jeudi un conseiller de la présidence ukrainienne, laissant entendre que son armée pourrait procéder à des frappes sur le territoire russe.
"La Russie attaque l'Ukraine et tue les civils. L'Ukraine se défendra par tous les moyens, y compris avec des frappes sur des entrepôts et des bases des assassins russes. Le monde reconnaît ce droit", a écrit sur son compte Twitter Mykhaïlo Podoliak.
Moscou a accusé à plusieurs reprises ces dernières semaines les forces ukrainiennes d'avoir lancé des attaques sur le sol russe, en particulier contre deux villages de la région frontalière de Belgorod et un autre de la région de Briansk mi-avril, sans que Kiev le confirme officiellement.
- Bilan humain -
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles de l'agression russe contre l'Ukraine. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent de 20.000 morts, en raison des combats mais aussi de l'absence de nourriture, d'eau et d'électricité.
Les enquêteurs ukrainiens ont identifié "plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre depuis le début de l'invasion russe a affirmé jeudi la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova. Dix soldats russes ont été mis en examen pour des crimes de guerre présumés à Boucha, près de Kiev, et vont être recherchés, selon la même source.
- Déplacés et réfugiés -
Près de 5,4 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays depuis le début de l'invasion par les troupes russes le 24 février, selon des chiffres du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) diffusés jeudi.
Si le flux s'est très nettement ralenti depuis le mois de mars, l'ONU s'attend à ce qu'il y en ait trois millions de plus d'ici à la fin de l'année.
Plus de 7,7 millions d'autres personnes ont quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine, d'après l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Avant l'offensive russe, l'Ukraine comptait 37 millions d'habitants dans les régions sous le contrôle de son gouvernement. Ce chiffre n'inclut pas la Crimée (Sud), annexée en 2014 par la Russie, et les régions de l'est contrôlées par des séparatistes prorusses.