La situation est confuse mercredi à Marioupol, une ville bombardée sans relâche depuis plus de deux mois, où l'Ukraine parle de "violents combats" tandis que Moscou dément un assaut contre l'aciérie d'Azovstal, le dernier réduit aux mains des forces ukrainiennes dans cette cité portuaire stratégique.
Au 70e jour de la guerre, "il y a de violents combats à Azovstal", a déclaré mercredi le maire de Marioupol Vadim Boïtchenko. "Nous avons perdu le contact avec les gars. Nous ne pouvons pas savoir (...) s'ils sont en sécurité ou non".
Voici un point de la situation, à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
- Le Sud -
Le Kremlin a démenti mercredi un assaut des forces russes contre l'aciérie d'Azovstal de Marioupol.
Le président russe Vladimir Poutine avait ordonné le 21 avril d'"annuler tout assaut. Il n'y a pas d'assaut", a affirmé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, précisant que les soldats russes assiégeaient ce site et n'intervenaient que pour "enrayer très rapidement les tentatives" ennemies de rejoindre des "positions de tir".
Mardi, Kiev avait affirmé que l'ennemi donnait un "puissant assaut" sur Azovstal, avec l'appui de "véhicules blindés, de chars, avec des tentatives de débarquement de troupes, avec l'aide de bateaux et d'un grand nombre d'éléments d'infanterie".
- L'Est -
L'armée russe poursuit son offensive afin de "s'assurer le contrôle total des régions de Donetsk et de Lougansk et de maintenir un couloir terrestre vers la Crimée occupée", selon l'état-major de l'armée ukrainienne.
Deux personnes ont été tuées dans la région de Lougansk ces dernières 24 heures, a annoncé le gouverneur régional Serguiï Gaïdaï. "Chaque ville de la région a été sous les bombes".
Mardi, quelque 21 civils sont morts et 27 autres ont été blessés dans la région de Donetsk, notamment dans la frappe d'une usine à Avdiivka et à Lyman, l'un des points chauds de la ligne de front, a déclaré le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko.
"Les forces russes continuent de se regrouper sur l'axe Donetsk-Lougansk pour une probable avancée vers l'ouest dans la direction de Lyman et de Slovyansk", affirme l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), évoquant aussi des opérations réduites dans la région de Zaporijjia.
Le ministère britannique de la Défense fait état de 22 groupes de bataillons tactiques déployés près d'Izioum et prête au Kremlin la volonté de prendre les villes de Kramatorsk et de Severodonetsk pour en particulier "consolider le contrôle militaire du nord-est du Donbass".
- L'Ouest -
"Afin de détruire les infrastructures de transport de l'Ukraine, l'ennemi a tiré des missiles sur des installations dans les régions de Dnipropetrovsk, Kirovograd, Lviv, Vinnytsia, Kiev, de la Transcarpatie, d'Odessa et de Donetsk", selon l'état-major ukrainien.
- Le Nord -
Une contre-attaque ukrainienne "a repoussé les forces russes à quelque 40 km de Kharkiv", a affirmé l'ISW, qui fait état de la prise par les forces de Kiev de la ville de Staryi Saltiv. Cette contre-attaque pourrait ouvrir la voie à "une opération plus large pour (faire) sortir les Russes de la plupart de leurs positions autour de la ville".
- Bilan humain -
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles de l'invasion russe contre l'Ukraine. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont parlé de 20.000 morts.
Les enquêteurs ukrainiens affirment de leur côté avoir identifié "plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre depuis le début de l'invasion russe.
Vingt nouveaux corps de civils ont été découverts ces dernières 24 heures dans la région de Kiev, en partie occupée pendant plusieurs semaines par les forces russes, a annoncé la police ukrainienne, pour un total cumulé de 1.235 corps de civils retrouvés pour l'instant.
Sur le plan militaire, selon un bilan du ministère ukrainien de la Défense donné samedi dernier, l'armée russe a perdu 23.000 hommes, 190 avions et 1.000 chars depuis le début de son offensive.
Le Kremlin a récemment admis des "pertes importantes". Certaines sources occidentales font état de jusqu'à 12.000 soldats russes tués.
Le président Volodymyr Zelensky a déclaré qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10.000 blessés.
Aucun chiffre indépendant n'est disponible.
- Déplacés et réfugiés -
Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), plus de 5,4 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays. Les femmes et les enfants représentent 90% de ces réfugiés, les hommes de 18 à 60 ans, susceptibles d'être mobilisés, n'ayant pas le droit de partir.
Plus de 7,7 millions de personnes ont quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).