16.05.08 - TPIR/TEMOINS - TEMOIN DISPARU : LA CHAMBRE ORDONNE UNE ENQUETE SUR SON TEMOIGNAGE

Arusha, 16 mai 2008 (FH)- Une chambre du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a ordonné au greffe de désigner un « amicus curiae » (ami de la cour) pour enquêter sur des allégations de faux témoignage portés contre un témoin mystérieusement disparu depuis mardi.

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Le témoin protégé « BTH » ou « GFA », selon les affaires, résidait dans une « maison sécurisée » à Arusha.

La requête avait été formulée mercredi par le procureur dans le procès de trois anciens dirigeants de l'ex-parti présidentiel rwandais accusés de génocide. La chambre n'a pas fixé un délai pour l'enquête.

Désigné sous le pseudonyme « BTH » dans ce procès, il a témoigné pour l'accusation en juin 2006. Il a été rappelé en avril dernier.

Au mois d'avril, il est revenu sur ses déclarations notamment en ce qui concerne l'implication de Joseph Nzirorera, le secrétaire général de l'ex-parti au pouvoir, dans les massacres de Tutsis à Mukingo(nord) en 1994. Le témoin a par ailleurs indiqué que lui-même et d'autres témoins à charge n'avaient pas dit la vérité sous la pression des autorités rwandaises.

Nzirorera est jugé avec Mathieu Ngirumpatse et Edouard Karemera, d'autres responsables du parti.

« BTH » a par ailleurs témoigné sous le pseudonyme « GFA » dans le procès de quatre anciens ministres. Il s'agit de Casimir Bizimungu (santé), Justin Mugenzi (commerce), Jérôme Bicamumpaka (affaires étrangères), et Prosper Mugiraneza (fonction publique).

Le témoin a disparu quelques heures avant son second témoignage dans le procès des ministres alors qu'il était sous la garde des services de sécurité du TPIR. La police tanzanienne est depuis à sa recherche.

Mugenzi a demandé que le témoin soit arrêté et transféré sous son vrai nom au TPIR. Mugenzi souhaite par ailleurs que GFA soit inculpé pour outrage à la Cour. Mugenzi est défendu par l'avocat britannique, Me Benjamin Gumpert. La chambre saisie ne s'est pas encore prononcée sur cette requête datée du 14 mai.

Récemment, GFA avait contacté la défense de Bicamumpaka et lui avait indiqué qu'il avait menti pour sortir de prison. Il était détenu au Rwanda pour génocide.

Alertée par la défense de Bicamumpaka, la chambre a autorisé une rencontre avec le témoin en présence du représentant du parquet. Elle a lieu à Kampala en Ouganda.

Arrivé à Arusha pour son nouveau témoignage, GFA a été informé par la chambre du risque qu'il courait si jamais il s'avérait qu'il avait menti. Il a alors demandé l'ajournement de sa déposition afin de contacter un avocat. Il a disparu le jour fixé pour sa nouvelle comparution.

Depuis le début des procès en janvier 1997, le TPIR a entendu plus de 2.000 témoins. La plupart étaient protégés. C'est la première fois qu'un incident de cette nature se produit, ce qui a créé l'émoi au sein du tribunal.

Son porte-parole, Roland Amoussouga, affirme que la disparition de GFA aurait « une motivation pécuniaire ». Les mises en garde de la chambre sur les risques encouru pour un faux témoignage auraient également pu l'inciter à s'en aller.

SC/AT/PB/GF

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