27.06.08 - RWANDA/JUSTICE - L'UN DES PRESUMES ASSASSINS D'UNE NONAGENAIRE REVIENT SUR SES AVEUX

Muhanga (sud du Rwanda), 27 juin 2008 (FH) - Xavier Bizigihe , 77 ans, présumé complice de l'assassinat de Geneviève Mukanyonga, 90 ans le 9 mai dernier, est revenu sur ses aveux en expliquant qu'il avait reconnu ces faits sous la contrainte et qu'un rescapé comme lui n'avait pas pu tuer une autre rescapée.

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« Je suis victime d'un malentendu ou alors d'un quelconque coup bas parce que moi-même je suis tutsi. J'étais pourchassé pendant le génocide. Rescapé, je ne peux pas tuer une vielle rescapée », a expliqué le vieil homme à l'agence Hirondelle. Ses 10 enfants, qui ont également survécu au génocide, habitent avec lui dans le secteur Mata, du district de Muhanga.

Dans la matinée du 9 mai 2008, la vieille femme a été tuée chez elle, aspergée d'essence et brûlée. Peu après, Bizigihe avait reconnu sa responsabilité et dénoncé 5 autres complices. Ils avaient alors été arrêtés et détenus à la station de police de Muhanga.« J'ai reconnu les faits par contrainte physique. J'ai dû, au hasard, pointer du doigt d'autres voisins. Regarde ma carcasse, je ne peux même pas tenir avec la vie en prison », confie aujourd'hui Bizigihe, détenu maintenant à la prison centrale de Muhanga.

Les accusés étaient tous des voisins immédiats de G. Mukanyonga, le vieux Bizigihe étant à un jet de pierre de chez elle et le plus éloigné à près de 250 mètres, a constaté l'Agence.

Selon la police, le vieil homme a reconnu avoir tenu des réunions de planification et d'organisation de l'assassinat. « Il a même fait écrire sa déclaration par son fils et il l'a signé. Cela ne peut se faire par contrainte », a précisé un policier.

« Elle était assise ici, sur le pas de la porte en train d'éplucher du manioc lorsqu'ils ont dû la surprendre et aller la tuer dans sa chambre. Elle est morte les bras tendus comme pour demander pardon », déclare la petite fille de la victime Chantal Ingabire.

Les voisins s'interrogent : "pourquoi avoir tué une vieille de 90 ans, dont de surcroit tout le monde disait du bien ? « Il y a eu d'abord tentative d'élimination de Marie Kankuyu, la fille de la victime qui préside la Juridiction Gacaca qui a condamné, en l'absence de celle-ci, le gendre de Bizigihe à 17 ans d'emprisonnement », estime Innocent Nsengiyumva, petit-fils de la victime.

Selon la même source, tous ces présumés auteurs de l'assassinat, dont Bizigihe, ont été condamnés à payer à la famille Mukanyonga tous les biens pillés pendant le génocide de 1994.

SRE/PB/GF

© Agence Hirondelle