04.07.08 - BELGIQUE/RWANDA - LA BELGIQUE AUSSI S'INTERESSE A PROTAIS MPIRANYA

Bruxelles, 4 juillet 2008 (FH) - Bruxelles, 3 juillet 2008 (FH) - Les autorités belges s'intéressent comme le Tribunal pénal international pour le Rwanda à Protais Mpiranya, l'ancien chef de la garde présidentielle rwandaise qui pourrait se cacher au Zimbabwe, a-t-on appris à Bruxelles après que des parlementaires ont interpellé à ce sujet le ministre des affaires étrangères.

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« Nous ne sommes pas au courant du fait qu'il se trouverait au Zimbabwe. Nous n'avons pas eu de confirmation du tribunal d'Arusha ni de nos services de renseignements », a expliqué Karel De Gucht en réponse à des questions devant la commission des relations extérieures de la Chambre.

Mais le chef de la diplomatie belge a en revanche assuré être « tout à fait au courant de l'implication de Protais Mpiranya dans les évènements à Kigali » : le « meurtre de dix casques bleus » belges, le 7 avril 1994, ainsi que « la planification du génocide ». Le génocide rwandais a fait plus de 800 000 morts selon l'Onu.

« Il faut respecter la présomption d'innocence, mais il y a quand même pas mal de preuves dans ce dossier », a ajouté M. De Gucht, en rappelant que Protais Mpiranya était recherché par le TPIR.

Selon l'hebdomadaire britannique Sunday Times du 8 juin dernier, l'ancien chef de la Garde présidentielle, accusé de génocide et de crimes contre l'humanité, se trouverait au Zimbabwe où il serait protégé par ses relations avec d'ex-officiers proches du président Robert Mugabe (Zanu-PF). « Ce sont ces liens avec d'anciens officiers zimbabwéens, dont certains ont monté leur propre compagnie dans le but de piller les richesses du Congo, qui lui permettent d'être en sécurité » dans ce pays, expliquait le Sunday Times.

La Belgique a condamné en 2007 le major Bernard Ntuyahaga à 20 ans de prison pour son rôle dans le meurtre, à Kigali le 7 avril 1994, de ses casques bleus chargés de protéger le Premier ministre rwandais Agathe Uwilingiyimana, également tuée. Or Protais Mpiranya, entre autres accusations, serait le commanditaire de ces assassinats.

Karel De Gucht a rappelé que son pays avait le 4 juin dernier, au Conseil de Sécurité des Nations unies appelé tous les Etats concernés à coopérer pleinement avec les tribunaux en vue d'arrêter ces personnes et de les transférer à La Haye ou Arusha. "Il va de soi [...] que cela concerne aussi le Zimbabwe dont nous devons constaté le manque général de collaboration avec le tribunal d'Arusha. Nous pouvons nous attendre à ce que cette situation ne change pas après les élections », a-t-il regretté - Robert Mugabe a été reconduit fin juin au terme d'élections jugées « illégitimes » par les Nations unies.

Enfin, en réponse au député qui s'interrogeait sur la possibilité d'extrader Protais Mpiranya vers Arusha puis la Belgique pour qu'il y soit jugé, le ministre rétorque n'avoir pas reçu de demande d'entraide de la part du TPIR, qui dispose d'une « primauté de compétence dans ce dossier ». « Et nous n'avons pas d'informations selon lesquelles Mpiranya se trouverait en Belgique. Cela m'étonnerait grandement », a-t-il conclu.

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