28.08.08 - TPIR/APPEL - L'EX-PREFET DE KIGALI RURAL DEMANDE A SES JUGES D'APPEL DE L'ACQUITTER

Arusha, 28 août 2000 (FH) - L'ancien préfet de Kigali rural, François Karera, condamné en première instance à la prison à vie pour « génocide, extermination et assassinats », a clamé son innocence et demandé son acquittement jeudi devant la Chambre d'appel du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a constaté l'agence Hirondelle.

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Selon les premiers juges, Karera a incité, aidé et encouragé, d'avril à juin 1994, les massacres de Tutsis dans la commune de Rushashi et à l'église de Ntarama (deux localités de sa préfecture) ainsi qu'à Nyamirambo, un quartier de Kigali où il avait une résidence.

« Je m'en remets à la sagesse de la chambre d'appel à laquelle je demande humblement de m'acquitter de toutes les charges portées contre moi », a déclaré l'ex-responsable administratif au terme de l'audience en appel.

Se posant en victime, il a indiqué avoir été très éprouvé d'entendre, devant la chambre de première instance, « des assassins » de membres de sa famille témoigner contre lui. Karera, 69 ans, a expliqué que certains de ses proches avaient été tués en 1994 en raison « des liens historiques » que sa famille entretenait avec les Tutsis.

Il a, par ailleurs, à l'instar de ses avocats, affirmé que les premiers juges avaient ignoré son alibi. A l'ouverture de l'audience, dans la matinée, le conseil principal, Carmelle Marchessault, a en effet déclaré que « la défense d'alibi est un point majeur dans ce procès ».

Prenant le relais, le co- conseil, Alexandre Bergevin, a soutenu, à plusieurs reprises, que l'appelant se trouvait, de façon continue, à la résidence de son fils, Ignace, au campus universitaire de Nyakinama, dans la préfecture de Ruhengeri (nord), du 7 au 19 avril 1994.

Les faits de Nyamirambo et de Ntarama pour lesquels il a été condamné en première instance se sont déroulés au cours de cette période.

« L'alibi de François Karera a été prouvé au- delà de tout doute raisonnable», a clamé l'avocat.

Me Bergevin a souligné que son client ne pouvait, de son refuge à Nyakinama, se rendre à Kigali ou à Ntarama, les voies d'accès habituelles étant alors sous le contrôle des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR) actuellement au pouvoir.

« Les témoins ont certes dit qu'il était impossible de voyager à travers le Rwanda en 1994 ; mais aucun n'a dit que cela était impossible », a rétorqué, Dior Fall, pour le bureau du procureur. « L'accusé avait la possibilité de voyager et de se rendre sur les lieux des crimes », a poursuivi Mme Fall, pour qui "la chambre de première instance a fait une appréciation plus que minutieuse des éléments de preuve" présentés par les deux parties.

Elle a enfin appelé la chambre d'appel à "confirmer les conclusions" des premiers juges.

La date de l'arrêt sera annoncée ultérieurement.

L'ex-préfet a été arrêté à Nairobi, au Kenya, le 20 octobre 2001 et transféré le lendemain au centre de détention du TPIR, à Arusha, dans le nord de la Tanzanie.

ER/PB/GF

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