25.08.08 - TPIR/SETAKO - OUVERTURE DU PROCES DU LIEUTENANT-COLONEL EPHREM SETAKO

Arusha, 25 août 2008 (FH) - Le procès d'un ancien cadre supérieur au ministère rwandais de la Défense, le lieutenant-colonel Ephrem Setako, accusé notamment de génocide, a démarré lundi matin devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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Diplômé de la faculté de Droit de l'Université nationale du Rwanda (UNR), l'officier qui plaide non coupable, était pendant le génocide de 1994, directeur des Affaires juridiques au ministère de la Défense.

Né en mai 1949, dans la commune de Nkuli, dans la province de Ruhengeri (nord), Setako, présenté comme un privilégié car il était originaire de la même région que le président Juvénal Habyarimana, répond de six chefs d'accusation dont génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

« L'accusé a participé activement au génocide. C'est notre thèse. Il fut l'un des principaux planificateurs et exécutants » du génocide dans sa région natale de Ruhengeri et à Kigali, a affirmé la procureur Ifeoma Ojemini-Okali, dans une longue déclaration liminaire. « Il a publiquement et directement démontré sa haine des Tutsis lors de réunions tenues avant et en 1994 », a accusé la représentante nigériane du bureau du procureur, soulignant que le lieutenant-colonel était un homme influent et respecté au sein de l'armée et de la communauté.

Selon Mme Okali, Setako a pris part à la formation des miliciens Interahamwe, leur a distribué des armes et leur a ordonné de tuer les Tutsis dans plusieurs communes de sa préfecture ainsi que dans la capitale.

Elle a promis de citer à la barre « 25 témoins, parmi lesquels des victimes mais aussi des complices » de l'accusé, qui, selon elle, agissaient dans le cadre d'une entreprise commune, impliquant, entre autres, plusieurs hauts responsables civils et militaires.

De son côté, le conseil principal de la défense, l'Américain Lennox Hinds, a fait remarquer à la chambre que son client n'a jamais été mis en cause ni à Kigali, ni à Ruhengeri, lors des procès devant les juridictions semi-traditionnelles rwandaises chargées de juger la plupart des responsables présumés du génocide.

Après un bref débat sur des exceptions soulevées par la défense, la chambre a commencé l'audition du premier témoin à charge, un homme désigné par le pseudonyme SAA pour préserver son anonymat. Setako a été arrêté en février 2004 dans un centre de demandeurs d'asile aux Pays Bas.

Son procès est le deuxième à débuter cette année après celui, ouvert en mai dernier, de l'ancien directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, Callixte Kalimanzira.

Alors que le mandat des juges du TPIR a été prolongé jusque fin 2009, sept détenus attendent encore de comparaître devant ce tribunal. Une procédure de transfert est également cours pour un accusé détenu en Allemagne. Treize autres accusés sont en fuite. Depuis le début de ses audiences en 1997, le TPIR a prononcé 30 condamnations et 5 acquittements.

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