26.09.08 - FRANCE/RWANDA - LE PROCUREUR A REQUIS UNE CONDAMNATION CONTRE PIERRE PEAN

Paris, 26 septembre 2008 (FH) - Le procureur de la République a requis jeudi la condamnation de l'écrivain Pierre Péan, poursuivi pour diffamation raciale et incitation à la haine raciale à la suite de la publication de "Noires fureurs, blancs menteurs" sur le génocide rwandais, tout en laissant au tribunal le soin d'apprécier la peine.

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Dans ses réquisitions, Anne de Fontette a considéré que les deux délits reprochés à M. Péan étaient constitués. "On peut écrire sur le Rwanda. On peut écrire toute chose mais pas n'importe quoi ni n'importe comment", a expliqué le magistrat, regrettant que Pierre Péan n'ait pas pris suffisamment de "réserves" ou de "distanciation" dans son ouvrage.

Le jugement de la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris a été mis en délibéré au 7 novembre. Le ministère public a demandé également la publication du jugement dans trois quotidiens français.

L'association SOS Racisme avait déposé plainte en octobre 2006. Elle reprochait à l'écrivain d'avoir écrit que les Tutsis avaient recours au mensonge et à la dissimulation ou étaient des professionnels de la manipulation. Pour l'association, ces assertions, reprises parfois par d'autres auteurs sans "aucune prudence", étaient constitutives de diffamation et incitation à la haine raciale.

Lors des trois journées d'audience, l'écrivain enquêteur, qui a notamment publié une biographie de l'ancien président français, François Mitterrand, s'est défendu de tout racisme, expliquant que ce travail avait pour but de démonter la manipulation de l'histoire rwandaise effectuée, selon lui, par l'actuel gouvernement dirigé par Paul Kagame.

L'historien belge, Filip Reyntjens, entendu lors de ce procès, a considéré que certaines pages du livre étaient des "assertions brutales et péremptoires sur un thème qu'on doit aborder avec prudence".

Deux anciens ministres français ont apporté leur soutien à M. Péan. Bernard Debré, ministre de la Coopération du gouvernement Balladur en septembre 1994, puis Hubert Védrine, secrétaire général de l'Elysée pendant le génocide, et ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin. Le premier a dénoncé un "procès en sorcellerie de racisme" intenté à Pierre Péan ; le second a estimé que le livre ne constituait nullement « un scandale horrible », trouvant cependant un peu "simpliste et schématique" la thèse de l'auteur.

Les avocats de SOS Racisme ont sollicité un euro de dommages et intérêts tandis que les avocats de Pierre Péan et de Claude Durand, le PDG des éditions Fayard, ont plaidé la relaxe.

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