02.10.08 - RWANDA/CANADA - COMPARUTIONS TERMINÉES DANS LE PROCÈS MUNYANEZA

Montréal, 2 octobre 2008 (FH) - La défense du Rwandais Désiré Munyaneza a présenté mercredi le dernier témoin qui devait comparaître devant la Cour Supérieure du Québec, laissant se profiler les plaidoyers, a-t-on appris de sources judiciaires.

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Avant que la défense ne cloture sa preuve, la cour doit recevoir l'examen médical réalisé par un docteur agissant en tant que « témoin par admission », a déclaré à l'Agence Hirondelle Richard Perras, l'un des trois avocats de M. Munyaneza. « Ça ne prendra pas plus de 15 minutes », a dit Me Perras. Selon l'avocat, le rapport médical indique que l'accusé n'est pas séropositif, contrairement à ce qu'avaient affirmé plus tôt certains témoins de la poursuite. Ces derniers avaient déclaré avoir contracté le virus du SIDA par la faute de M. Munyaneza.

Sept témoins ont été entendus au cours du mois de septembre. Impossible cependant de connaître la teneur des propos ou l'identité des témoins, les comparutions ayant eu lieu à huis clos.

L'avocat de l'accusé a seulement indiqué qu'une Rwandaise était venue dire que contrairement à ce qu'avaient affirmé quatre témoins de la poursuite, elle n'avait pas été l'objet sexuel de M. Munyaneza. « Ces quatre témoins ont décrit la personne, son nom, sa taille, son apparence physique, en disant qu'elle aurait été enlevée à la préfecture (de Butare, ndlr) par l'accusé », a dit Me Perras. Or, a-t-il poursuivi, cette femme a déclaré à la Cour Supérieure du Québec qu'une telle chose ne lui était « jamais arrivée ».

« C'est quand même étonnant une telle coïncidence : que quatre témoins aient eu un même souvenir, faux, sans jamais se parler entre eux ni se connaître », a déclaré Me Perras. L'avocat a ajouté qu'il allait plaider, pour ce cas, « carrément la collusion ».

Il a indiqué en outre qu'un des sept témoins avait déclaré que l'association de victimes Ibuka l'avait incité à mentir contre une autre personne, dans un autre procès, que Me Perras n'a pas nommé.

« Nous n'avons pas l'intention de faire de commentaire pour l'instant », a dit pour sa part Paul-Alexis Gauthier, l'un des trois avocats de la Couronne, représentant le ministère public dans ce procès ouvert en janvier 2007 mais dont les comparutions ont débuté en mars de la même année.

Une rencontre technique doit avoir lieu mardi 7 octobre entre le juge, l'accusation et la défense. On en saura alors davantage sur le calendrier des plaidoiries. En l'état, la mise en délibéré ne devrait pas intervenir avant les fêtes de fin d'année.

Fils d'un commerçant aisé de Butare (sud du Rwanda), Désiré Munyaneza est arrivé au Canada en 1997 avec un faux passeport camerounais. Il a été arrêté en 2005 puis accusé de crimes contre l'humanité, génocide, viols et pillages.

CS/ER/GF

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