07.10.09 - RWANDA/JUSTICE - LE PROCES POUR GENOCIDE DE L'EX-DEPUTE ELYSEE BISENGIMANA SERA REVISE

Rusizi (sud-ouest du Rwanda), 7 octobre 2008 (FH) - Le procès de l'ex-député Elysée Bisengimana, poursuivi pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité, sera bientôt révisé par une juridiction gacaca de Huye, dans le sud du Rwanda, apprend-on de sources concordantes.

2 min 36Temps de lecture approximatif

Des juges de Huye se déplaceront à Rusizi, à plus d'une centaine de kilomètres, pour la révision de ce procès.

Avant les dernières législatives du 15 septembre dernier, auxquelles il ne s'est pas présenté, Bisengimana était membre de la chambre des députés comme membre du Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir).

Poursuivi pour son rôle présumé dans les massacres des Tutsis qui s'étaient réfugiés en 1994 au Groupe scolaire de Gihundwe, dans le district de Rusizi (sud-ouest), dont il était prefet des études, Bisengimana a été acquitté en 2007 en première instance, puis en appel.

« Ce fut un procès très controversé où l'on parlait beaucoup de corruption et d'intimidation ; les victimes ont demandé la révision (...) Le Service national des juridictions Gacaca (SNJG) vient de nommer à cet effet une juridiction du district de Huye », a indiqué à l'agence Hirondelle François Kajiwabo, représentant d'Ibuka, à Rusizi. Ibuka (souviens-toi, en langue rwandaise) est la principale organisation de survivants du génocide.

« Nous avons été contactés par le SNJG pour aller juger M. Bisengimana à Rusizi. C'est un point d'honneur pour nous, mais aussi un grand défi », a confirmé à l'agence Hirondelle un juge de Huye qui a préféré garder l'anonymat. « Rendre la justice là où les bénéficiaires eux-mêmes l'ont troquée contre l'argent rend précaire notre sécurité avant, pendant et après le procès. Mais nous allons montrer que nous sommes intègres », a-t-il ajouté.

L'un des juges de Bisengimana en appel, Louis David Rwigemera, qui présidait le jury, a été condamné le mois dernier à 5 ans de prison pour corruption.

« Il appartient à la juridiction (qui viendra de Huye) de déterminer la date du procès, de lancer les assignations et de nous en aviser », a pour sa part indiqué Albert Ndayisaba du service juridique au SNJG.

Très contesté et déjà mis en cause lors de son entrée au parlement en 1999, Elysée Bisengimana figurait toujours sur une liste de dignitaires accusés d'avoir trempé dans le génocide perpétré contre les Tutsis en 1994. Parmi ceux-ci, figure également Alfred Mukezamfura qui était, avant les élections de la mi-septembre, président de la chambre des députés et, selon l'ordre constitutionnel, la troisième personnalité du pays.

Son procès pourrait débuter le mois prochain devant une juridiction gacaca de Kigali.

Un autre ancien député, Etienne Magali, a été, quant à lui, fixé sur son sort, le 21 septembre dernier. La juridiction gacaca du secteur Remera, un quartier de Kigali, l'a condamné à la prison à vie.

Selon un consensus au sein du Forum des partis, un organe prévu par la Constitution rwandaise, tous les politiques cités dans le contentieux du génocide ne pourront revenir sur la scène publique qu'une fois absous par la justice. C'est pourquoi tous ceux qui sont mis en cause ont été exclus de la course aux dernières législatives, a expliqué à l'agence Hirondelle une source proche de ce forum.

SRE/ER/GF

© Agence Hirondelle