13.10.08 - RWANDA/GACACA - UNE ACCUSEE, DEUX JURIDICTIONS, POUR UN MEME ACTE D'ACCUSATION

Kigali, 13 octobre 2008 (FH) - Virginia Mukasekuru, une rwandaise de 75 ans, a été accusée dimanche devant la juridiction d'appel de Cyivugiza, d'avoir comparu devant les juridictions gacaca de Cyivugiza et de Rugarama du secteur Nyamirambo pour les mêmes chefs d'accusation, a constaté l'Agence Hirondelle.

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Classée dans la 2ème catégorie des auteurs du génocide, la vieille femme est accusée d' « avoir fait tuer le nommé Musafiri, violé avec un plant de bananier l'enfant de Mukarusanganwa et le cadavre de cette dernière, de complicité d'assassinat d'une jeune femme appelée Béatrice et de plusieurs personnes à Nyamirambo, de pillage et de dépouillement de cadavres », précise l'acte d'accusation.

Plaidant non coupable, devant la juridiction de secteur de Cyivugiza, Madame Mukasekuru, avait été reconnue coupable et condamnée à la prison à vie, le 15 juillet 2007. Le 6 août suivant, au dela des délais prévus, elle a fait appel. Mais en décembre, elle a de nouveau comparu devant la juridiction de secteur de Rugarama qui l'a condamné à 25 ans d'emprisonnement avec la possibilité de faire des travaux d'intérêt général (TIG) et de bénéficier d'un sursis.

« Comment t'es-tu retrouvée à Rugarama pour le même procès qu'à Cyivugiza, alors que tu avais été condamnée ? En prison, as-tu le statut d'une condamnée à la prison à vie ou d'une candidate aux TIG ? », lui a demandé M. Musefano Mister, président de la juridiction.

« Je ne sais pas...on m'a convoquée et j'ai comparu », a expliqué la vieille dame. Après avoir fait plus de 13 ans en prison, sa dernière condamnation à 25 ans de prison lui permet de sortir et de participer à des TIG. « J'ignore mon statut actuel, puisque je reste en prison », a-t-elle ajouté.

Pour plus d'un dans la salle, la comparution à Rugarama était un arrangement pour échapper à la justice. « Elle s'est présentée là, et aucun témoin n'était au courant ! La vieille est riche en subterfuge : elle était en habit orange, celui des condamnés définitivement, aujourd'hui elle est dans la robe rose des détenus ordinaires. Tout cela est suspect ! », explique à la cour le témoin Eugénie Uwimana

Après délibération, la juridiction a reporté le procès afin d'enquêter sur ces irrégularités.

SRE/PB/GF

© Agence Hirondelle