En juillet 2006, plus de trente cadavres avaient été découverts dans la rivière Ruvubu. Les victimes soupconnées d'être proches de l'opposition rebelle avaient été capturées et conduites dans deux prisons militaires. L'auditeur général (procureur dans ce procès militaire NDLR) le colonel Donatien Nkurunziza a, dès l'ouverture des débats, accusés les chefs des convois qui ont emmené les prisonniers vers le camp de la Ruvubu d'avoir été les assassins de ces personnes qui étaient détenues dans le camp de Mukoni et à la prison de la Région. Les chefs de convois reconnaissent avoir emmené les victimes à cet endroit mais disent avoir agi sous les ordres du commandant de région, le colonel Vital Bangirinama.
Selon l'auditeur, le caporal chef Nzorijana, agent de transmission principale du Commandant le la région militaire, a effectué deux voyages avec dix détenus au total jusqu'au parc de la Ruvubu où ils ont été tués. Nzorijana reconnait les faits à l'exception des assassinats. « J'ai pris respectivement 4 et 6 détenus de la prison de la Région sur ordre du colonel (...) je les ai amené à la Ruvubu, telle que ma mission était consignée, puis je les ai remis au chef de poste de la position militaire dans le parc ». Personne n'a précisé l'identité de ce chef de poste. Le chef du troisième convoi a reconnu également les mêmes faits. Le Sgt Ntirampeba, chef des agents de transmission a d'abord emporté sept détenus mais l'un d'entre eux a sauté du véhicule et réussi à s'échapper.
L'auditeur général, a "la certitude à cent pour cent que ces militaires sont les auteurs du crime puisqu'ils ne disent pas le nom de la personne à qui ils prétendent avoir remis ces détenus ». Vingt quatre personnes, dont 5 sont en prison sont poursuivies dans cette affaire. Un premier procès en 2007 s'était interrompu rapidement, la Cour militaire ne s'estimant pas compétente, ce qui a été démenti par la Cour suprême, 16 accusés avaient répondu présent tandis que 8 ne s'étaient pas présentés.
Parmi eux figure le colonel Bangirinama, sous le coup d'un mandat d'arrêt international, mais qui a pris la fuite. Son cas sera examiné jeudi. a annoncé président de la Cour le colonel Léonidas Ntibanoboka. En septembre 2008 lors de sa première conférence de presse, le Président de la République burundaise, M. Pierre Nkurunziza avait expliqué qu'il avait personnellement empêché l'arrestation de Bangiranama, craignant des tensions entre la police et l'armée. Selon différentes sources il serait actuellement réfugié en Tanzanie.
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