Mme Kabuye a donné son accord pour être transférée en France, « en vue de prouver son innocence », a indiqué à l'agence Hirondelle, la ministre rwandaise de l'Information, Louise Mushikiwabo, jointe au téléphone à Kigali. « C'est une femme innocente qui a été arrêtée en exécution d'un mandat d'arrêt à caractère politique », a ajouté Mushikiwabo.
Rose Kabuye fait partie des neuf officiers rwandais contre lesquels le juge antiterroriste français, Jean-Louis Bruguière, a émis des mandats d'arrêt en novembre 2006. Le magistrat français les accuse d'avoir organisé, avec le président Paul Kagame, l'assassinat, le 6 avril 1994, de son prédécesseur Juvénal Habyarimana, ce que les concernés ont toujours nié.
La justice française est saisie de cette affaire car les deux pilotes de l'avion présidentiel abattu par un missile au dessus de Kigali, étaient Français. Dans cette enquête le juge a réuni récemment les parties civiles et la clôture de l'information est prévue d'ici quelques semaines. Les parties auront alors trois mois pour demander des actes supplémentaires avant les réquisitions écrites du parquet. Une fois le réquisitoire remis au juge, les parties pourront encore demander de nouveaux actes. Tout cela devrait prendre au moins un an, si ce n'est plus, avant la fixation d'une date pour un éventuel procès.
Après avoir appris l'arrestation de Mme Kabuye, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Rosemary Museminali, a convoqué dimanche l'ambassadeur d'Allemagne pour lui faire part de la protestation du gouvernement rwandais. Lundi après-midi, des manifestations organisées par la mairie de Kigali ont convergé vers l'ambassade d'Allemagne.
Née en avril 1961, Rose Kabuye a grandi dans un camp de réfugiés en Ouganda. Elle a participé en octobre 1990 à l'offensive de la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) contre les troupes du président Habyarimana avec le grade de Major. Elle a ensuite exercé la fonction de préfet de Kigali, puis de parlementaire, avant d'être nommée à la direction du protocole. Elle est considérée comme très proche du président Kagame.
Après la signature des mandats internationaux elle avait voyagé régulièrement dans la suite du président rwandais notamment à Arusha et dernièrement à Nairobi. Elle avait été prévenue à plusieurs reprises notamment par la Grande Bretagne et les Etats unis, des risques qu'elle encourait en cas de voyages privés, non couverts par l'immunité diplomatique.
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