Glucksmann: le génocide du Rwanda "n'est pas un enjeu de polémique électorale"

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Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique pour les européennes et cible de 23 anciens ministres socialistes pour des propos jugés trop critiques sur François Mitterrand et le génocide rwandais, a répondu jeudi que ce dernier "n'est pas un enjeu de polémique électorale".

Y a-t-il selon lui une volonté de déstabiliser sa campagne ? "J'ose imaginer qu'on n'instrumentalise pas un génocide pour déstabiliser une campagne, donc je pense que non", a réagi l'essayiste sur RMC et BFMTV.

"C'est quand même bizarre qu'à dix jours d'une élection, quand enfin on se met à parler d'Europe, on ressort" cette histoire, s'est-il néanmoins étonné.

"Ce n'est pas un enjeu de polémique électorale et il y a quelque chose de fondamental à comprendre: c'est qu'une Nation ne s'abaisse pas quand elle regarde dans les yeux son passé, elle se grandit au contraire et la France n'a toujours pas fait la lumière sur son rôle au Rwanda", a-t-il ajouté.

Dans une lettre adressée au Premier secrétaire du PS Olivier Faure et signée notamment d'Hubert Védrine -son initiateur-, de Bernard Cazeneuve, de Jack Lang, d'Elisabeth Guigou ou encore de Roland Dumas, 23 anciens ministres PS s'insurgent contre des déclarations sur le Rwanda de M. Glucksmann, qui avait coréalisé il y a 15 ans un documentaire sur le génocide rwandais, "Tuez les tous !".

"Le Rwanda est le plus grand scandale de la Ve République. Gauche et droite ont trempé dedans, même si c'est (François) Mitterrand qui avait lancé cette politique et la portait de la manière la plus radicale et abjecte", avait notamment déclaré M. Glucksmann au Monde le 6 janvier.

"Je maintiens" l'expression "plus grand scandale de la Ve République", a assumé jeudi la tête de liste.

"A l'époque, il y avait un président de gauche, François Mitterrand, et un Premier ministre de droite, Édouard Balladur, on est en pleine cohabitation et la France a soutenu, armé, formé les milices et l'armée qui allaient faire le génocide, ça c'est une vérité", a-t-il souligné.

"J'espère qu'on aura le temps ensuite après cette campagne de discuter de ce sujet et de confronter les points de vue pour établir cette vérité historique qui est absolument nécessaire", a-t-il insisté.

Raphaël Glucksmann s'est réjoui de partager l'estrade jeudi soir à Lyon avec l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, l'un des 23 signataires, rapporteur de la Mission d'information sur le Rwanda.

"On a une différence d'appréciation sur la politique française au Rwanda, ça ne nous empêche pas de nous rassembler pour expliquer que la gauche n'est pas morte", a souligné le candidat.