Le Sri Lanka, une île meurtrie par la guerre civile

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Le Sri Lanka, qui tient samedi son élection présidentielle, est une île de l'océan Indien, mosaïque ethnico-religieuse meurtrie par 37 ans de conflit avec des séparatistes tamouls.

- Autrefois Ceylan -

Le Sri Lanka, autrefois appelé Ceylan, est devenu une colonie britannique en 1815 après avoir été une province britannique. L'île avait auparavant été contrôlée par les Portugais (1505-1656) et les Néerlandais (1656-1796).

Le dernier roi cinghalais a régné de 1798 à 1815.

Depuis 1948, l'île est indépendante de la Grande-Bretagne, membre du Commonwealth.

En 1972, elle devient une république et prend le nom de Sri Lanka ("île resplendissante").

Située à une vingtaine de kilomètres de la pointe sud-est de l'Inde, l'île de 65.000 km2 compte 21,6 millions d'habitants.

Les Sri-Lankais sont en grande majorité bouddhistes (70%, essentiellement cinghalais). Les hindous, principalement tamouls, concentrés dans le nord et le nord-est, comptent pour 12%, les musulmans 10% et les chrétiens 7%.

- Naissance des "Tigres" -

En 1972, un ancien étudiant tamoul de Jaffna (nord), Velupillai Prabhakaran, forme les Nouveaux Tigres Tamouls (TNT), groupe rebelle luttant contre les discriminations à l'encontre de la minorité tamoule.

Entré dans la clandestinité, il refait surface en 1975, revendiquant son premier assassinat politique en tuant le maire de Jaffna.

En mai 1976, il se transforme en Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), menant une guérilla pour un État tamoul indépendant dans le nord (région de Jaffna) et l'est (autour de Trincomalee), soit sur un tiers de la superficie de l'île.

L'organisation a pour emblème un tigre feulant opposé au lion rugissant du Sri Lanka.

- 37 ans de guerre civile -

Les Tigres de Prabhakaran assassinent en mai 1991 l'ex-Premier ministre indien Rajiv Gandhi puis en mai 1993 le président sri-lankais Ranasinghe Premadasa.

D'autres attaques suicides majeures suivront, dont celle contre la banque centrale de Colombo (91 morts) en 1996 et, deux ans plus tard, contre le Temple de la Dent (au moins 16 morts) à Kandy, principal lieu de culte sacré pour les cinghalais bouddhistes.

En mai 2009, la rébellion est écrasée par l'armée, ses dirigeants tués, dont leur chef suprême Prabhakaran. La guerre civile a fait jusqu'à 100.000 morts.

L'un des principaux candidats à la présidentielle, l'ancien ministre de la Défense Gotabhaya Rajapaksa, compte renoncer s'il est élu à l'engagement de Colombo d'enquêter sur des crimes de guerre commis sous la présidence de son frère Mahinda Rajapaksa (2005-2015). L'armée est accusée d'avoir tué jusqu'à 40.000 civils tamouls.

- Pâques sanglantes -

Le 21 avril 2019, des attaques suicide coordonnées commises par des jihadistes contre trois églises bondées pour la messe de Pâques, et trois hôtels de luxe de la capitale Colombo, font 269 morts, dont 45 étrangers.

Trois semaines après ces attentats attribués à un groupe jihadiste local et revendiqués par le groupe État islamique (EI), des émeutes antimusulmanes éclatent, un homme est lynché.

Les attentats se sont produits dans un contexte de lutte du pouvoir entre le président Maithripala Sirisena et le Premier ministre, Ranil Wickremesinghe. Fortement contestés, ils ont renoncé à se présenter à la présidentielle.

Ces dernières années ont également été marquées par une montée de l'extrémisme bouddhiste, attisé par des moines radicaux. En mars 2018, des émeutes dirigées contre la minorité musulmane ont fait trois morts.

- Tourisme en berne -

Grâce à ses anciennes cités royales, ses temples, ses réserves naturelles ou ses longues plages bordées de cocotiers, l'île avait connu un boom du tourisme après la fin de la guerre civile, brutalement freiné par les attentats d'avril. Le pays évalue à 1,5 milliard de dollars le manque à gagner en 2019.

Le FMI prévoit une croissance de 2,7% cette année, après 5,6% en moyenne entre 2010 et 2018 selon la Banque mondiale.

Le pays bénéficie d'indicateurs sociaux parmi les plus favorables d'Asie du sud avec un taux de pauvreté limité à 4,1% (Banque mondiale).

Le thé constitue le principal produit d'exportation, l'habillement et les revenus de main d'oeuvre émigrée étant également des sources importantes de devises.