Syrie: des mois d'offensives meurtrières du régime sur Idleb

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Le régime de Bachar al-Assad, soutenu par l'aviation russe, a mené en 2019 et 2020 plusieurs campagnes de bombardements d'une rare violence sur la province d'Idleb, dans le nord-ouest syrien, dernier grand bastion insurgé qui lui échappe.

- Offensive d'envergure -

A partir de la fin avril 2019, le pouvoir et son allié russe intensifient leurs bombardements contre le sud de la province d'Idleb et le nord de la région voisine de Hama, des territoires contrôlés par Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) et d'autres groupes jihadistes.

Ces frappes sont les plus violentes depuis que Moscou, qui soutient le régime de Damas, et Ankara, parrain de certains groupes rebelles également actifs dans la région, ont dévoilé en septembre 2018 un accord sur une "zone démilitarisée", qui devait séparer les territoires insurgés des zones gouvernementales et garantir un arrêt des hostilités.

Début juin, Human Rights Watch accuse Damas et Moscou d'utiliser des "armes bannies internationalement", citant des "armes à sous-munitions, incendiaires" et des "barils d'explosifs" largués sur des secteurs civils.

Mi-juillet, l'ONU dénonce les bombardements visant des installations et des travailleurs médicaux.

En août, les forces du régime amorcent une progression au sol. Elles prennent la ville de Khan Cheikhoun puis plusieurs localités du nord de la province de Hama.

Le 31, un cessez-le-feu annoncé par la Russie entre en vigueur.

L'offensive a tué près d'un millier de civils selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), et déplacé plus de 400.000 personnes d'après l'ONU.

- Nouvelle escalade -

Le 19 septembre, la Russie et la Chine mettent leur veto à une résolution imposant un cessez-le-feu, alors que des bombardements sporadiques se poursuivent à Idleb.

Le 22 octobre, Bachar al-Assad affirme, lors d'une visite inédite dans la région d'Idleb, que la bataille qui s'y déroule est la clé pour mettre fin à la guerre.

A partir de la mi-décembre, les forces du régime, soutenues par l'aviation russe, intensifient leurs bombardements, et de violents combats au sol les opposent aux jihadistes et rebelles.

Le 9 janvier 2020, l'armée russe annonce un cessez-le-feu, censé débuter trois jours plus tard après sa confirmation par la Turquie.

Mais le 15, le régime reprend ses bombardements dans la province d'Idleb.

Le 29, l'armée annonce la reconquête de Maaret al-Noomane, deuxième plus grande ville de la province d'Idleb.

- Combats syro-turcs -

Le 27 février, au moins 33 militaires turcs sont tués dans des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime syrien.

Les lourdes pertes essuyées par les forces turques interviennent après des semaines d'escalade à Idleb entre Ankara et le régime syrien.

- Catastrophe humanitaire -

Le 3 mars, Kevin Kennedy, coordonnateur régional de l'ONU, affirme que la situation représente "la plus grosse crise aujourd'hui dans le monde".

Depuis décembre, quelque 500 civils ont péri selon l'OSDH, et près d'un million ont été déplacés d'après l'ONU.

- Accord russo-turc -

Le 5, le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan annoncent un cessez-le-feu qui entre en vigueur le lendemain.

Le 15, la Russie et la Turquie entament des patrouilles conjointes dans la province d'Idleb.

Des combats sporadiques ou des tirs d'artillerie secouent régulièrement la province d'Idleb et les territoires adjacents, malgré le cessez-le-feu.

- "Crimes de guerre" -

Le 11 mai, Amnesty International accuse le régime et son allié russe de "crimes de guerre", après avoir documenté 18 attaques entre le 5 mai 2019 et le 25 février 2020 contre des écoles et des centres médicaux du nord-ouest syrien.

Le 7 juillet, un rapport de l'ONU affirme que de nombreux crimes de guerre, voire des crimes contre l'humanité, ont été commis dans la province d'Idleb.

"Des enfants ont été bombardés à l'école, des parents ont été bombardés au marché, des patients ont été bombardés à l'hôpital, et des familles entières ont été bombardées alors qu'elles fuyaient", résume le président de la Commission d'enquête Paulo Sergio Pinheiro.

Le rapport se penche aussi sur les exactions du principal groupe jihadiste dans la région, Hayat Tahrir al-Cham, accusé de "pillages, détention, torture et exécution de civils, y compris des journalistes".