22.01.08 - TPIR/NSENGIMANA - UN PRETRE ACCUSE D’AVOIR DIRIGE UN ESCADRON DE LA MORT

Arusha, 22 janvier 2008 (FH) - Un témoin a accusé l’abbé Hormisdas Nsengimana d’avoir dirigé un escadron de la mort pendant le génocide des Tutsis en 1994, mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). L’abbé Nsengimana, 54 ans, était Recteur du collège du Christ-Roi de Nyanza (sud), une des écoles les plus prestigieuses du pays.

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Le procureur le poursuit pour génocide et crimes contre l’humanité commis à Nyanza et dans ses environs. Il plaide non coupable. Son procès a commencé en juin 2007.
Mardi, le témoin protégé « BVX » a allégué que l’abbé Nsengimana était à la tête d’un escadron de la mort qui a tué plusieurs Tutsis autour du collège. Selon cette femme qui a perdu son mari pendant le génocide, cet escadron était notamment composé d’employés du collège.
Le témoin a allégué que le prêtre ne recrutait jamais les Tutsis au collège. « Hormisdas n’engageait jamais de Tutsis. Il n’y avait que des Hutus qui travaillaient au collège… Quand le génocide a commencé, ces gens là y ont pris part », a affirmé en substance Mme BVX.
D’après elle, le dit escadron a tué plusieurs personnes aux environs du collège notamment le 3 mai 1994. « J’ai pu observer les victimes tuées à l’aide de petites houes usées », a-t-elle déclaré. Mme BVX a ajouté que des femmes étaient violées avant d’être tuées. « Ils violaient systématiquement les femmes avant de les tuer », a-t-elle dit.
Un des avocats de Nsengimana, Me David Hooper (Grand Bretagne), a indiqué que c’était la première fois que des allégations de viols étaient formulées contre son client et a soutenu que le procureur le prenait par surprise.
Le représentant du parquet, Wallace Kapaya (Tanzanie) a reconnu que l’acte d’accusation ne comportait pas de telles allégations mais que le témoin avait insisté pour en parler. Le juge président, Erik Mose (Norvège) a exhorté les parties à communiquer préalablement toute information nouvelle qui surgirait lors de la préparation d’un témoin.
Depuis sa création en novembre 1994, le TPIR a déjà inculpé quatre prêtres catholiques. L’un d’entre eux, l’abbé Athanase Seromba, vicaire dans une paroisse rurale à l’ouest du Rwanda, a été condamné à quinze ans de prison. Il est en instance d’appel. Les autres sont en cours de procès ou en détention préventive.
Le procès d'Hormisdas Nsengimana qui a repris le 14 janvier en est au deux tiers de la liste des témoins de l'accusation.
AT/PB/GF