Une ONG a porté plainte mardi en Allemagne contre huit cadres de la justice iranienne accusés, avec le régime de Téhéran, de prononcer des condamnations à mort d'opposants s'apparentant à des "crimes contre l'humanité".
La plainte a été déposée auprès du parquet fédéral de Karlsruhe, qui applique le principe de "compétence universelle" permettant à un Etat de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves quels que soient leur nationalité et l'endroit où ils ont été commis.
"L'Iran doit être condamné pour ce qu'il est: un régime qui commet des crimes contre l'humanité. Cette plainte, on l'espère, déclenchera des enquêtes judiciaires sur la détention de Jamshid Sharmahd", un Germano-Iranien condamné à mort à Téhéran, a déclaré lors d'une conférence Wolfgang Kaleck, secrétaire général du Centre européen pour les droits constitutionnels et humains, à l'origine de la plainte.
Parmi les huit hauts responsables de la justice iranienne, figurent des juges, un ministre ou encore un procureur général, accusés de perpétuer "les crimes systématiques du régime".
Gazelle Sharmahd, la fille de Jamshid Sharmahd, souhaite mobiliser "tous les moyens nécessaires" pour que ces crimes soient révélés au grand public.
"Depuis trois ans, personne ne sait où est mon père. Je n'ai plus aucun contact avec lui depuis deux ans. Il a été torturé et peut à peine marcher. Je ne sais pas s'il survivra", a-t-elle lâché lors d'une intervention en visio-conférence durant la conférence de presse.
Agé de 68 ans, Jamshid Sharmahd a été condamné à mort le 21 février par un tribunal de Téhéran pour avoir participé à un attentat contre une mosquée à Chiraz, dans le sud de l'Iran, qui avait fait 14 morts en avril 2008.
La justice iranienne l'accuse aussi d'avoir établi des contacts avec des "officiers du FBI et de la CIA" et d'avoir "tenté de contacter des agents du Mossad israélien".
Sa condamnation avait été qualifiée "d'absolument inacceptable" par l'Allemagne, qui avait dans la foulée expulsé deux diplomates iraniens en poste à Berlin.
Pour M. Kaleck, "la meilleure chose serait qu'un tribunal international spécial soit créé et prenne en charge le cas du régime iranien", une possibilité qu'il reconnaît "peu probable".
En plus de Jamshid Sharmahd, une quinzaine de détenteurs de passeports occidentaux sont détenus en Iran. La plupart d'entre eux sont des binationaux mais l'Iran ne reconnaît pas le statut de la double nationalité pour ses ressortissants.