Quatre hauts fonctionnaires autrichiens, soupçonnés d'avoir protégé un officier syrien de haut rang accusé de crimes contre l'humanité, ont été relaxés lundi à Vienne, dans une affaire impliquant des services secrets à l'image ternie par une série de scandales.
Ils ont été reconnus non coupables "au bénéfice du doute", a dit à l'AFP une porte-parole du tribunal.
Une cinquième personne, un ancien responsable des renseignements, absent pour cause de problèmes de santé, sera jugée ultérieurement.
Le parquet leur reprochait d'avoir "sciemment abusé de leur pouvoir d'accomplir des actions officielles au nom de l'Etat" en aidant un ancien général syrien à obtenir l'asile en Autriche.
Les quatre hommes - trois ex-agents des services de renseignement et un ex-employé de l'office de protection des réfugiés - étaient accusés d'avoir "illégalement" offert l'asile à Khaled al-Halabi, "le plus haut gradé Syrien" responsable d'exactions et présent en Europe selon des ONG.
Le général, qui fait par ailleurs l'objet d'une enquête, a témoigné à huis clos pendant le procès.
L'acte d'accusation invoquait un accord conclu en mai 2015 avec un "service partenaire étranger", en l'occurrence le Mossad, chargé du renseignement extérieur israélien, selon la presse autrichienne.
Le parquet affirmait que ce dernier avait exfiltré le militaire syrien de France, où il se trouvait à l'époque, pour le conduire en Autriche.
En 2016, l'ONG Commission internationale pour la justice et la responsabilité (CIJA), qui lutte contre l'impunité des criminels de guerre en Syrie, a informé les autorités autrichiennes de l'implication présumée dans des crimes de guerre de Khaled al-Halabi, qu'elle avait identifié à Vienne alors qu'il avait pris une fausse identité.
Chef de la sécurité de l'Etat dans la ville syrienne de Raqqa de 2009 à 2013, il est accusé dans ce cadre d'avoir supervisé des tortures et d'autres crimes contre la population civile avant de fuir à l'arrivée des islamistes.
Le régime syrien fait l'objet de multiples actions en justice en Europe au nom de la compétence universelle. Des condamnations ont été prononcées en Autriche, en Allemagne ou encore en Suède.
L'Autriche, un pays neutre non membre de l'Otan, a été secouée ces dernières années par d'embarrassantes affaires d'espionnage au profit de Moscou, une situation qui a entraîné une réorganisation des services de renseignement.