Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Volker Türk s'est déclaré vendredi "profondément alarmé" par les informations faisant état d'exécutions sommaires de civils à Khartoum Nord, qui auraient été commises par des combattants de l'armée soudanaise et des milices alliées.
"Ces rapports d'exécutions sommaires, qui font suite à des incidents similaires survenus au début du mois dans l'État d'Al Jazirah (centre-est du Soudan), sont très inquiétants", a déclaré Volker Türk dans un communiqué, soulignant que "tuer délibérément un civil ou toute personne qui ne participe pas ou plus directement aux hostilités constitue un crime de guerre".
La guerre entre l'armée soudanaise et les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) depuis avril 2023 a fait des dizaines de milliers de victimes et a déraciné plus de 12 millions de personnes, selon les Nations unies, poussant des millions de personnes au bord de la famine.
Après des mois d'impasse apparente, l'armée a mis fin la semaine dernière à un siège de près de deux ans de son quartier général de Khartoum par les FSR.
Le même jour, l'armée a déclaré avoir repris sa base du corps des transmissions à Khartoum Nord et avoir expulsé les FSR de la raffinerie de pétrole de Jaili, la plus grande du pays, au nord de Khartoum.
Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a annoncé avoir vérifié les meurtres d'au moins 18 personnes, dont une femme, dans sept incidents distincts "attribués à des combattants et milices affiliés aux forces armées soudanaises depuis que ces dernières ont repris le contrôle de la région le 25 janvier".
"Un grand nombre des victimes de ces incidents, qui ont eu lieu à proximité de la raffinerie d'Al Jaili, étaient originaires des régions du Darfour ou du Kordofan au Soudan", a-t-il précisé.
M. Türk a réitéré son appel à "toutes les parties prenantes de ce conflit pour qu'elles prennent des mesures urgentes afin de protéger les civils et de respecter les obligations découlant du droit international humanitaire et des droits humains".
"Des enquêtes indépendantes doivent être menées sur ces incidents, conformément aux normes internationales en vigueur", a-t-il ajouté.
Le Haut-Commissaire a également dénoncé les attaques permanentes des forces de sécurité contre les civils et les infrastructures civiles, notamment le bombardement d'un camp de personnes déplacées à El-Fasher, au Darfour Nord, qui a fait neuf victimes civiles mercredi.
Le 24 janvier, une attaque de drone contre une maternité d'El-Fasher, attribuée aux FSR, avait fait au moins 67 morts et 19 blessés.
"Les attaques délibérées contre des civils et des biens à caractère civil sont odieuses", a répété M. Türk. "Ces attaques constituent de graves violations du droit international humanitaire et peuvent constituer des crimes de guerre".