Venezuela: des experts de l'ONU demandent de mettre fin à l'isolement des détenus politiques

Des experts de l'ONU ont appelé mercredi le Venezuela à mettre fin à l'isolement des opposants politiques et militants en prison, privés de contact avec l'extérieur, une pratique qui s'apparente, selon eux, à des "disparitions forcées".

La semaine dernière, l'avocat Eduardo Torres, membre de l'ONG de défense des droits humains Provea, avait disparu pendant cinq jours avant que le parquet n'annonce mardi qu'il était détenu pour "terrorisme" et "trahison", détaille la Mission internationale indépendante d'établissement des faits sur le Venezuela, mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mais ne s'exprime pas en son nom.

"La détention d'opposants dans des conditions d'isolement et sans possibilité de communiquer avec l'extérieur est une pratique illégale et perverse qui peut constituer un crime international", a déclaré Marta Valinas, la présidente de la mission dans un communiqué.

Une pratique "orchestrée politiquement" au "plus haut niveau de l'Etat", selon les enquêteurs, qui estiment qu'elle vise "à faire taire les figures de l'opposition ou ceux perçus comme tels... et à semer la peur dans la population"

"L'absence de mécanismes de protection juridique efficaces est alarmante et reflète l'absence d'un véritable Etat de droit", ajoute leur communiqué.

Après la disparition de M. Torres vendredi, "des membres de la famille et des avocats ont attendu pendant des heures devant le Palais de Justice, sans pouvoir déposer une requête en habeas corpus en raison du refus du juge en charge", selon les experts.

La requête, qui permet de contester une détention considérée comme arbitraire devant un tribunal, n'a finalement été acceptée que lundi, sans qu'aucune décision n'ait été communiquée à ce jour, selon les experts.

Mardi, le procureur général Tarek William Saab a affirmé que Eduardo Torres avait été arrêté "pour ses liens avec une conspiration visant à générer de la violence lors des élections (législatives) du 25 mai".

Il sera poursuivi pour "complot", "terrorisme" et "trahison", a précisé le procureur dans une déclaration transmise à l'AFP.

Les experts ont souligné que "l'emprisonnement ou toute autre privation grave de liberté physique en violation du droit international, la torture et les disparitions forcées" pourraient constituer des "crimes contre l'humanité" s'ils s'inscrivent dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique contre la population civile.

Pour Francisco Cox, un membre de la Mission, les faits constatés au Venezuela s'apparentent à un "crime contre l'humanité de persécution pour des motifs politiques".

Les experts ont réclamé la libération inconditionnelle de toutes les personnes détenues arbitrairement.

Selon l'ONG vénézuélienne Foro Penal, 894 personnes sont actuellement détenues pour des raisons politiques dans le pays.

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