Les habitants de Tripoli retrouvaient progressivement une vie normale vendredi avec la réouverture de l'aéroport et des commerces après plusieurs jours d'affrontements entre groupes armés rivaux, engagés dans une période de "trêve".
"Ces dernières 24 heures, aucun incident n'a été signalé. Ni déflagrations ni tirs", a indiqué à l'AFP un responsable du ministère de l'Intérieur pour qui "la situation évolue vers un cessez-le-feu entre les groupes" armés.
Vendredi, plus d'un millier de personnes venues de divers quartiers ont manifesté au centre de Tripoli pour protester contre la gestion de la situation par le gouvernement d'Abdelhamid Dbeibah dont ils ont réclamé "le départ".
Peu avant, la Mission de l'ONU en Libye (Manul) a appelé les autorités à respecter "le droit des citoyens à manifester pacifiquement", mettant en garde contre toute "escalade de la violence" qui constituerait "une grave violation des droits humains".
Selon des correspondants de l'AFP, la manifestation était hautement sécurisée par environ 40 véhicules du ministère de l'Intérieur.
Les combats des derniers jours ont démarré lundi après l'assassinat selon sa famille d'Abdelghani al-Kikli, chef du Dispositif de soutien et de stabilité (SSA), un groupe armé basé dans le sud de Tripoli, devenu ultra-puissant et une menace, selon les experts, pour le chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah.
Une deuxième vague d'affrontements encore plus violents a opposé jusqu'à mercredi soir la Brigade 444, affiliée à M. Dbeibah, à la Force Radaa après l'annonce d'une dissolution de ce groupe influent qui domine l'est de Tripoli et l'aéroport.
Minée par les luttes fratricides depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs parallèles: celui de M. Dbeibah dans l'ouest reconnu par l'ONU, et un autre dans l'est affilié au maréchal Khalifa Haftar.
Pour les experts, M. Dbeibah tente de reprendre le contrôle de Tripoli et ses institutions-clés après des années de tolérance envers la myriade de groupes armés qui se partagent le territoire.
Vendredi, les commerces - stations-service, boulangeries, marchés - ont rouvert au rythme normal d'un début de week-end.
- "Maintenir la trêve" -
Des équipes municipales ont débloqué les rues, les débarrassant des barrages, véhicules calcinés et gravats de bâtiments touchés les jours précédents par des obus et des roquettes, selon des correspondants de l'AFP. Les vols ont repris à Mitiga, seul aéroport desservant Tripoli.
Le secrétariat général de l'ONU a appelé "toutes les parties à maintenir la trêve et à la renforcer par le dialogue", déplorant que les combats et "les tirs d'artillerie dans des zones densément habitées" aient fait "au moins 8 morts".
Il a jugé "alarmante" la présence à Tripoli de "groupes armés venus de l'extérieur" de Tripoli. Selon des experts, des troupes sont arrivées de l'ouest pour soutenir Radaa tandis que d'autres ont afflué de Misrata, à l'est de Tripoli, pour appuyer Dbeibah.
Toutefois, la source sécuritaire a fait état d'un "retrait ces dernières heures" de dizaines de chars et pick-up surmontés de mitrailleuses, "signe de bonnes intentions".
De son côté, l'ONG Amnesty International a exigé que "les chefs de milices soient tenus pour responsables de leurs actes", soulignant que les groupes armés particulièrement le SSA, ont "terrorisé la population de Tripoli par des disparitions forcées, des actes de torture et d'autres crimes" ces dernières années.
La Cour pénale internationale a annoncé jeudi que la Libye reconnaissait désormais sa compétence pour juger les crimes de guerre et actes de répression commis dans le pays depuis 2011, "une étape importante dans la poursuite de la justice".