Le parquet fédéral allemand a annoncé mardi l'arrestation dans le pays d'un Syrien soupçonné de torture et de crimes contre l'humanité remontant aux années 2010, sous le régime de l'ancien dictateur Bachar al-Assad.
Le ressortissant syrien, présenté comme Fahad A., a été appréhendé à Pirmasens, en Rhénanie-Palatinat, une région du sud-ouest de l'Allemagne.
Il est "soupçonné de meurtre, de torture et de privation de liberté constituant des crimes contre l'humanité", a indiqué le parquet dans un communiqué.
Interrogé par l'AFP, il n'a pas voulu donner de détails, notamment sur son âge ou la date de son arrivée en Allemagne.
Entre fin avril 2011 et mi-avril 2012, Fahad A. a servi comme gardien du centre de détention Al-Khatib à Damas, selon le communiqué.
La prison était gérée par la Direction générale de la Sécurité des services de renseignement syriens, chargée de réprimer violemment les opposants au régime autoritaire d'Assad, ajoute le parquet.
Selon ce dernier, Fahad A. a participé à plus d'une centaine d'interrogatoires au cours desquels des prisonniers ont été soumis à de graves violences physiques, telles que des électrocutions ou des coups à l'aide de câbles.
Le suspect a également harcelé des prisonniers pendant la nuit, en les suspendant au plafond, en les aspergeant d'eau froide ou en les forçant à rester dans des positions inconfortables, dit le parquet.
"Quelque 70 détenus ont succombé à ces mauvais traitements et aux conditions d'emprisonnement catastrophiques", affirme-t-il.
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.
Certains étaient arrivés en Allemagne à la faveur de la grande crise migratoire de 2015/16, quand des centaines de milliers de Syriens, Afghans ou Irakiens s'étaient réfugiés dans le pays.
Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture pour au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.
Des procès sur les abus commis par le régime syrien ou des groupes qui lui sont liés ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.