Un tribunal du Guatemala a condamné vendredi trois anciens paramilitaires à 40 ans de prison pour le viol de six femmes dans les années 1980, pendant la guerre civile.
Cette affaire "illustre" comment l'armée guatémaltèque a utilisé la violence sexuelle "comme une arme de guerre pour contrôler et soumettre" les communautés indigènes pendant le conflit armé entre 1960 et 1996, selon les différentes ONG parties civiles, dont WOLA et Impunity Watch.
Les trois anciens paramilitaires, également d'origine indigène, étaient membres des Patrouilles d'autodéfense civile, créées par l'armée pour combattre la guérilla de gauche durant le conflit qui a fait 200.000 morts et disparus, selon une Commission vérité de l'ONU.
Les accusés sont "auteurs responsables" de crimes contre l'humanité pour les viols commis contre des femmes mayas de l'ethnie achí, selon le verdict lu par la secrétaire du tribunal.
Les condamnés à "40 ans de prison sans remise de peine", âgés aujourd'hui de 60 à 73 ans, ont été reconnus coupables des faits survenus entre 1981 et 1983, a rapporté à l'AFP une source d'Impunity Watch.
"Je suis innocent de ce dont on m'accuse", a dit l'un d'eux, Pedro Sanchez vendredi lors d'une dernière prise de parole avant l'annonce de la sentence.
"Je les ai bien reconnus (les accusés), il ne s'agit pas seulement de ce qu'ils disent, mais de ce que j'ai traversé. J'ai souffert dans ma chair de tout ce qu'ils m'ont fait", avait témoigné la semaine dernière Pedrina Ixpata, l'une des victimes aujourd'hui âgée de 61 ans.
C'est le deuxième procès intenté par des femmes achí victimes de multiples viols dans des villages de la municipalité de Rabinal et sur une base militaire dans cette localité, à environ 50 km au nord de la capitale.
Entre 2011 et 2015, un groupe de 36 victimes avait déposé plusieurs plaintes contre des anciens militaires et des collaborateurs de l'armée.
En 2022, cinq anciens paramilitaires avaient été condamnés à 30 ans de prison pour ces viols.
En 2013, l'ex-dictateur Efraín Ríos Montt a été condamné à 80 ans de prison pour le génocide des indigènes ixiles sous son régime de facto entre 1982 et 1983.
La justice a ensuite annulé la sentence et ordonné un nouveau procès, mais le général est mort en 2018 à l'âge de 91 ans.