Le Parlement norvégien a rejeté mercredi diverses propositions visant à durcir les règles d'investissement de son fonds souverain, le plus riche au monde, dans les entreprises opérant en Cisjordanie occupée.
Un des nombreux textes examinés par les élus visait à ordonner au fonds qu'il se retire des entreprises "qui contribuent aux crimes de guerre d'Israël et à l'occupation illégale" de la Cisjordanie.
La proposition a été repoussée à une écrasante majorité, par 88 voix contre 16.
Grâce à ses revenus tirés de l'exploitation des hydrocarbures, l'Etat norvégien est assis sur le plus gros fonds souverain au monde, avec près de 1.650 milliards d'actifs investis à travers le monde.
Le gouvernement est sous pression pour user de cette puissance financière pour infléchir la ligne d'Israël dans la bande de Gaza, où son armée mène une offensive dévastatrice en représailles aux attaques sans précédent du Hamas du 7 octobre 2023, et en Cisjordanie, où l'Etat hébreu poursuit sa politique de colonisation, illégale au regard du droit international.
Le principal syndicat norvégien LO a, dans une lettre signée par une cinquantaine d'ONG, demandé au gouvernement travailliste de s'assurer que les investissements du fonds soient mis en conformité avec les obligations juridiques du pays.
Dans un courrier daté du 20 mai au gouvernement norvégien, la rapporteure spéciale des Nations unies sur les Territoires palestiniens a aussi "recommandé" au fonds de se désengager "pleinement et sans condition de toutes les entités liées à la présence illégale d'Israël dans les territoires palestiniens occupés".
Selon Francesca Albanese, le fonds détient pour 121,5 milliards de dollars d'actifs dans des entreprises "impliquées dans le soutien ou la facilitation de violations flagrantes du droit international dans les territoires palestiniens occupés".
Tout en appelant à l'arrêt des violences, à la libération des otages du 7-Octobre encore retenus par le Hamas et au rétablissement de l'aide humanitaire, le ministre norvégien des Finances Jens Stoltenberg s'est dit convaincu, dans sa réponse, que les investissements du fonds "ne violent pas les obligations incombant à la Norvège en vertu du droit international".
Régi par un ensemble de règles éthiques, le fonds norvégien s'est déjà désengagé de onze entreprises en raison de leurs activités en Cisjordanie, la dernière fois en mai, en sortant du capital de Paz Retail and Energy, un groupe qui distribue du carburant dans les colonies.
Les relations entre la Norvège et Israël depuis que le pays scandinave a reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, de concert avec l'Espagne et l'Irlande.