Sylvia et Noureddin Bongo, épouse et fils, de l'ex-président gabonais renversé Ali Bongo, ont réaffirmé devant des juges à Paris avoir été détenus illégalement et torturés, à la suite du coup d'Etat du 30 août 2023, selon un communiqué de la famille.
Sylvia Bongo, 62 ans, et son fils Noureddin, 33 ans, ont témoigné pour la première fois lundi en qualité de victimes au tribunal judiciaire de Paris, selon ce communiqué signé par les deux plaignants. Leur parole a été recueillie par des magistrats instructeurs spécialisés du pôle Crimes contre l'humanité.
L'ex-président Ali Bongo a lui-même été entendu par le tribunal mardi en tant que victime, dans le cadre de sa plainte pour "séquestration arbitraire".
Une plainte avec constitution de partie civile avait été déposée en France en mai 2024 par Ali Bongo, Sylvia et Noureddin, qui possèdent tous trois la nationalité française, et ont quitté mi-mai le Gabon pour l'Angola.
Les plaignants ont répondu lundi aux "questions des magistrats français qui enquêtent sur les accusations d'enlèvement et de torture portées contre le nouveau président gabonais Brice Oligui Nguema et ses plus proches collaborateurs", indique le texte.
"À la veille du coup d'Etat militaire du 30 août 2023 notre famille entière, jusqu'au plus jeune enfant âgé d'un an, a été kidnappée et prise en otage. Nous, Sylvia et Noureddin, avons subi humiliations et mises en scènes mensongères soutenant le narratif construit de toutes pièces par les nouvelles autorités pour justifier la prise de pouvoir", dénonce la déclaration commune des deux membres de la famille Bongo.
Le communiqué de Sylvia et Noureddin détaille un ensemble de "crimes dont ils ont été victimes pendant 20 mois" : une détention "déroulée en isolement total entre une cellule entièrement vide de la Prison Centrale de Libreville et un bureau de la Garde Républicaine au sous-sol du Palais Présidentiel, six étages en-dessous des appartements du Président Brice Clotaire Oligui Nguema".
Durant cette détention, ils affirment avoir été "violemment torturés à répétition par les militaires les plus proches du Président Oligui Nguema : fouettés, électrocutés, noyés, battus et bien pire".
Par ailleurs, les membres du camp Bongo indiquent soumettre prochainement aux juges français une vidéo montrant une juge gabonaise chargée de leur affaire admettre des "pressions" de "membres de la junte militaire" pour aboutir à "des poursuites pénales contre eux".
Ils assurent qu'un "procès spectacle" où le pouvoir en place prévoit de les "condamner par contumace" sera prochainement organisé au Gabon pour "légaliser la saisie de (leurs) biens, (leur) détention arbitraire et la prise de pouvoir par la force".