L'avocat de Rodrigo Duterte a exhorté jeudi la Cour pénale internationale (CPI) à suspendre les poursuites pour crimes contre l'humanité engagées contre l'ancien président philippin, qu'il juge mentalement inapte à subir un procès.
Rodrigo Duterte, âgé de 80 ans, devait comparaître devant la CPI le 23 septembre pour répondre des accusations liées à sa campagne de plusieurs années contre les consommateurs et les trafiquants de drogue, qui aurait fait des milliers de morts selon les organisations de défense des droits humains.
La CPI a décidé en début de semaine de reporter cette audience afin que les juges puissent évaluer l'état de santé de Rodrigo Duterte, mais l'avocat Nicholas Kaufman a demandé que l'affaire soit classée sans suite pour une durée indéterminée.
Rodrigo Duterte "n'est pas apte à être jugé en raison de troubles cognitifs dans plusieurs domaines", a écrit Nicholas Kaufman dans un document publié jeudi sur le site web de la CPI.
"L'état de santé de M. Duterte ne s'améliorera pas et, pour cette raison, la Chambre préliminaire doit ajourner indéfiniment toutes les procédures judiciaires dans son affaire", a-t-il ajouté.
M. Duterte a été arrêté à Manille le 11 mars, transféré par avion aux Pays-Bas le soir même et détenu depuis lors dans le quartier pénitentiaire de la CPI à la prison de Scheveningen.
Lors de sa première audience, à laquelle il a assisté par vidéoconférence, il semblait hébété et fragile, et n'a pratiquement pas pris la parole.
Il est le premier ancien chef d'État asiatique à être poursuivi par la CPI. Il est accusé de 43 meurtres constitutifs de crimes contre l'humanité.
Pour le procureur de la CPI "des dizaines de milliers de meurtres ont potentiellement été perpétrés" aux Philippines pendant la campagne contre le trafic et la consommation de drogue.
Une avocate représentant les victimes de la " guerre contre la drogue " menée par Duterte a fait part de sa colère suite au report par la CPI de l'audience initialement prévue le 23 septembre.
"Nous nous attendions à ce que Duterte agisse ainsi, mais le fait qu'il ait réussi à convaincre la chambre préliminaire de reporter cette audience sine die est effrayant", a dit Kristina Conti à l'AFP.