Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU "consterné" par les meurtres commis à el-Fasher

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a dénoncé vendredi les récents massacres de dizaines de civils dans la ville assiégée d'el-Fasher, dans l'ouest du Soudan, notamment des exécutions sommaires au caractère apparemment ethnique.

Les Forces de soutien rapide (FSR) paramilitaires soudanaises, en guerre depuis avril 2023 contre l'armée régulière, mènent actuellement une féroce offensive sur el-Fasher, dernière grande ville de la vaste région occidentale du Darfour encore sous le contrôle de l'armée.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Volker Türk fait état d'informations selon lesquelles les FSR auraient tué au moins 53 civils et blessé plus de 60 autres lors d'attaques entre le 5 et le 8 octobre, ajoutant que le bilan réel pourrait être encore plus élevé.

"Je suis consterné par le mépris constant et flagrant des FSR pour la vie des civils", a-t-il déclaré dans un communiqué.

"Malgré les appels répétés, y compris les miens, réclamant une protection particulière des civils, ils continuent de tuer, de blesser et de déplacer des civils, ainsi que d'attaquer des biens civils, notamment des abris pour déplacés internes, des hôpitaux et des mosquées, au mépris total du droit internationale", a-t-il alerté. "Cela doit cesser".

L'offensive actuelle des RSF contre el-Fasher est la plus violente depuis le début de la guerre avec l'armée. Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme a confirmé qu'au moins 46 civils avaient été tués lors de frappes d'artillerie sur les quartiers d'Abou Shouk et de Daraja Oula, ainsi que sur le camp de déplacés d'Abou Shouk.

Parmi eux, au moins 14 civils ont été tués lors des attaques des 5 et 7 octobre contre l'hôpital saoudien, dernier grand établissement de santé encore opérationnel au Darfour-Nord.

Au moins sept autres civils auraient également été sommairement exécutés lors de perquisitions domiciliaires menées par RSF lors d'attaques terrestres, a indiqué le bureau des droits de l'homme, ajoutant que ces "meurtres pourraient avoir une motivation ethnique".

M. Türk a exhorté les pays proches des belligérants soudanais à "prendre des mesures urgentes pour protéger les civils et prévenir de nouvelles atrocités à el-Fasher et dans tout le Darfour".

Il a également appelé toutes les parties au conflit à tirer les leçons de la condamnation, cette semaine, par la Cour pénale internationale, d'un chef de milice soudanais pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis il y a plus de vingt ans.

Après le verdict rendu lundi par la CPI contre Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, M. Türk avait déclaré que celui-ci devrait servir de "nouveau rappel aux auteurs des crimes d'aujourd'hui qu'il ne peut y avoir d'impunité pour les crimes à grande échelle commis contre les civils".

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