Un groupe d'élus du Congrès américain a déposé vendredi une proposition de loi qui sanctionnerait l'armée birmane et plusieurs de ses généraux, illustrant le durcissement de l'attitude américaine face à la crise des Rohingyas.
La loi restreindrait la coopération militaire avec le régime, et exigerait de l'administration Trump qu'elle prive de visas et interdise du territoire américain les membres de l'armée birmane impliqués dans les violences contre la minorité rohingya.
L'initiative est soutenue par des élus républicains et démocrates, ce qui augmente ses chances d'être adoptée par le Congrès.
Au Sénat, un texte similaire a été déposé par le républicain John McCain, le démocrate en charge des questions de politique étrangère, Ben Cardin, et d'autres sénateurs de la majorité et de l'opposition.
Les propositions interdiraient de nouveau l'importation aux Etats-Unis de rubis et de jade birmans.
"Notre législation ferait rendre des comptes aux hauts responsables militaires responsables du massacre et du déplacement d'hommes, de femmes et d'enfants innocents en Birmanie, et montrerait que les Etats-Unis ne tolèreront pas ces atrocités", a déclaré John McCain.
Washington a déjà annoncé, le 24 octobre, des mesures punitives contre l'armée (suspension de l'examen des dispenses de voyage pour les hauts responsables militaires birmans et annulation des invitations faites aux hauts responsables des forces de sécurité pour assister à des manifestations parrainées par les Etats-Unis). Mais l'administration américaine a toujours pris soin de ne pas blâmer la dirigeante Aung San Suu Kyi, faisant la distinction entre gouvernement civil et militaires.
Les parlementaires américains veulent envoyer un signal clair et accentuer la pression sur l'armée birmane afin qu'elle permette le retour des Rohingyas qui ont fui l'ouest du pays, où les militaires sont accusés par l'ONU d'"épuration ethnique".
"Il y aura des conséquences pour leurs crimes contre l'humanité", a prévenu le démocrate Ben Cardin.
L'examen et l'adoption éventuelle des sanctions dépendra en grande partie de l'homme fort du Sénat, Mitch McConnell, qui connaît bien Aung San Suu Kyi et a déclaré en septembre qu'il n'était "pas constructif" de critiquer publiquement la dirigeante.