Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), une institution "politique", a éloigné toute perspective de réconciliation en Bosnie, accuse la défense de Ratko Mladic, ex-chef militaire des Serbes de Bosnie qui entendra son verdict mercredi.
La mission de cette juridiction était de "mener vers une réconciliation" entre communautés, a déclaré à l'AFP Miodrag Stevanovic, un des avocats de Ratko Mladic. Or, "nous tous qui vivons en Bosnie savons qu'il n'y est pas parvenu."
Créé pour juger les crimes de guerre pendant les conflits des années 1990, le TPIY prononcera mercredi le verdict contre l'ancien chef militaire, son ultime décision avant sa fermeture le 31 décembre.
En ce qui concerne "le choix de ceux qui devaient être inculpés par le parquet, je n'ai aucune difficulté à dire que c'était de la politique", dit Me Stevanovic.
"Je suis en désaccord total" avec cette accusation, rétorque le procureur en chef du TPIY Serge Brammertz. "Ce qui est vraiment décevant c'est de voir que des politiciens actuels de la région glorifient autant des criminels de guerre", a dit le magistrat.
Contestant la qualification de génocide pour le massacre de Srebrenica, Miodrag Stevanovic affirme que "le général Mladic n'était pas du tout en Bosnie pendant que se déroulait ce crime terrible à Srebrenica", mais à Belgrade.
Savoir si Mladic était à Srebrenica tel ou tel jour "n'a pas d'importance", répond Serge Brammertz. "Il était en contact permanent et régulier" avec ses subordonnés sur le terrain, dit le procureur.
"C'est un procès politique. L'histoire livrera son jugement, avec distance. Le temps montrera ce qu'est la vérité", dit de son côté l'avocat Miodrag Stevanovic, convaincu que "pour les uns, le général Mladic restera un criminel, un boucher, pour les autres il sera un héros", estime l'avocat. "Mais il est une personnalité historique."
Pour Serge Brammertz, "un processus judiciaire ne peut pas à lui seul aboutir à la réconciliation. La réconciliation doit venir de la société". "Mais ce que j'ai toujours dit, c'est que cette réconciliation n'a aucune chance d'advenir si on ne cherche pas les responsabilités", dit Serge Brammertz.
Depuis l'accord de Dayton qui a mis fin à la guerre, la Bosnie est séparée en deux entités principales, une fédération croato-musulmane et la Republika Srpska pour les Serbes. Selon le recensement de 2013, sur les 3,5 millions de Bosniens, un peu plus d'une moitié se définit comme Bosniaques musulmans, un peu moins d'un tiers se disent Serbes orthodoxes et un peu plus de 500.000 Croates catholiques.