Les étudiants nicaraguayens, à l'origine de la vague de manifestations qui secouent ce pays, ont exigé samedi la création d'une commission indépendante pour enquêter sur les violences meurtrières qui ont émaillé les protestations de ces derniers jours.
Il s'agit d'une condition sine qua non pour participer à un éventuel dialogue avec les autorités.
"Cette commission devra enquêter, condamner et sanctionner tous les responsables directs et indirects des crimes contre l'humanité commis dans le cadre de la répression", ont-il déclaré.
Les étudiants exigent une commission "indépendante et crédible" et "soutenue au niveau international".
Selon un dernier bilan du Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh), le nombre de personnes tuées lors des violents affrontements entre la police et les manifestants est passé samedi de 42 à 43.
La hausse régulière de ce bilan s'explique par le décès de personnes qui étaient hospitalisées ou portées disparues.
Depuis lundi, aucun affrontement avec la police n'a été recensé, les manifestations se déroulant de manière pacifique dans la capitale Managua et le reste du pays.
L'association de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a appelé vendredi les pays membres de l'Organisation des Etats américains (OEA) à approuver l'envoi d'une mission de la Commission interaméricaine des droits de l'homme au Nicaragua afin d'enquêter sur les allégations d'abus commis par les forces de l'ordre contre des manifestants.
De son côté, le président de l'Assemblée national Gustavo Porras, a annoncé vendredi la formation d'une commission comprenant des personnalités du pays pour "connaître, analyser et clarifier" ces récents événements.
Cette initiative a été rejetée samedi par les leaders étudiants. "Nous n'acceptons pas que les assassins enquêtent sur eux-mêmes", ont-ils déclaré.
La contestation, lancée au départ par les étudiants contre une réforme des retraites, est rapidement devenue une mobilisation générale pour dénoncer la confiscation du pouvoir par le président Daniel Ortega, un ancien guérillero âgé de 72 ans, à la tête du Nicaragua de 1979 à 1990 puis redevenu président en 2007.
L'Union européenne, les Etats-Unis et le Vatican ont critiqué la force excessive utilisée par la police, et l'ONU a dit soupçonner de possibles "exécutions illégales".
Jeudi, le président Ortega, qui a lui-même appelé à un dialogue, n'avait pas encore donné ni les détails ni les participants à ces discussions.