Le président du Kosovo accusé de "miner" le travail d'un tribunal pour crimes de guerre

Le président du Kosovo, Hashim Thaci, mis en accusation pour crimes de guerre devant un tribunal spécial à la Haye, a été accusé par les procureurs de vouloir "miner" le fonctionnement de cette cour.

Dans une opinion publiée en ligne, le Bureau du procureur spécial affirme qu'"il y a de bonnes raisons de croire" que Thaci a récemment pris des mesures faisant partie d'une "stratégie plus large visant à miner le tribunal".

Les procureurs estiment que le président kosovar a l'intention de limiter le travail du tribunal par une proposition d'amendements à la Constitution qui donnerait au Parlement du pays le pouvoir de prolonger de cinq ans le mandat de cette cour, mise en place en 2015 avec l'appui de l'Union européenne.

Or, le mandat de ce tribunal est censé se poursuivre, selon eux, sans interruption jusqu'à la "notification d'achèvement (de son mandat) par le Conseil de l'Union européenne".

"En suggérant que le mandat actuel de la cour nécessite +prolongation+ et +clarification+, M. Thaci laisse entendre que son mandat s'est déjà achevé", lit-on.

"Une conséquence potentielle de cette position serait l'invalidation de toutes les actions prises (par le parquet et la chambre) depuis cette échéance, notamment une éventuelle validation de l'inculpation de M. Thaci", selon la même source.

Hashim Thaci a envoyé les amendements en août. Le délai pour une éventuelle confirmation de sa mise en accusation expire samedi.

Mis en accusation en juin, avec d'autres personnes, l'ancien chef politique de la guérilla indépendantiste albanaise du Kosovo est soupçonné d'être "responsable de près de cent meurtres", de disparitions forcées, de persécutions et de tortures.

Le tribunal spécial est chargé d'enquêter sur une série de crimes présumés commis par l'Armée de libération du Kosovo (UCK), principalement à l'encontre des Serbes, des Roms et des opposants albanais à la guérilla, pendant et après le conflit de 1998-99 contre les forces serbes.

Instance de droit kosovar composée de juges internationaux, la cour est basée aux Pays-Bas afin de protéger les témoins qui sont soumis à des pressions et des menaces au Kosovo.

Le tribunal a expliqué en juin avoir dévoilé l'acte d'inculpation plus tôt que prévu en raison des efforts répétés d'Hashim Thaci et de son allié politique, Kadri Veseli, également soupçonné, "pour entraver et saper le travail" du tribunal.

Thaçi, 52 ans, a déclaré qu'il allait démissionner si l'inculpation était validée.

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