Les hélicoptères du régime syrien ont largué samedi des barils d'explosifs sur des zones rebelles de la province d'Alep, tuant au moins 71 civils, l'un des bilans les plus lourds dans cette région du nord du pays, selon une ONG.
En Irak voisin, les forces gouvernementales ont avancé vers Ramadi, dans le cadre de leur opération visant à isoler les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans cette ville de l'ouest irakien avant d'y donner l'assaut.
Les frappes dans la province syrienne d'Alep ont tué 59 civils dans la ville d'Al-Bab sous contrôle de l'EI, qui sévit en Irak comme en Syrie, et 12 à Al-Chaar, quartier rebelle de la ville d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Il s'agit d'un des plus grands massacres commis par l'armée de l'air du régime depuis le début de l'année", a dénoncé la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), un réseau de militants couvrant la guerre en Syrie depuis 2011.
Les raids y ont ciblé un marché populaire à une heure de grande affluence, selon l'OSDH qui parle aussi de "massacre".
Sur un trottoir d'Al-Chaar, des cadavres étaient posés sous des couvertures noires, selon un correspondant de l'AFP sur place. Selon un responsable local, les dégâts matériels sont importants.
Le régime a commencé en 2013 à larguer sur Alep ces bombes remplies de puissants explosifs et de ferraille, qui ont déjà fait plusieurs centaines de morts dans cette province septentrionale depuis le début de l'année. Cette pratique est régulièrement dénoncée par les ONG.
- 'Subterfuge électoral' -
Si Alep, la deuxième ville du pays, est divisée depuis 2012 entre une partie Est aux mains des insurgés et un partie Ouest contrôlée par le régime, les forces loyales à Bachar al-Assad ne contrôlent que quelques secteurs dans la province éponyme, le reste étant aux mains des rebelles et de l'EI.
Plus de 220.000 personnes ont péri depuis quatre ans dans ce conflit syrien, qui a débuté par un soulèvement pacifique réclamant des réformes et s'est militarisé face à la répression du régime, jusqu'à devenir une guerre brutale et complexe avec l'apparition de groupes jihadistes comme Al-Qaïda et l'EI.
En Turquie voisine, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a dénoncé comme "subterfuge électoral" la publication vendredi d'images suggérant une embarrassante livraison d'armes d'Ankara à des rebelles islamistes en Syrie.
Dans un entretien à l'AFP lors d'une tournée électorale avant les législatives du 7 juin, il a farouchement démenti tout soutien de son pays, ennemi juré de Bachar al-Assad, à ces groupes rebelles.
Le régime syrien a connu de nombreuses défaites ces derniers mois, la dernière étant la perte de la province d'Idleb (nord-ouest) au profit d'une coalition de combattants d'Al-Qaïda et de rebelles islamistes.
Selon l'OSDH, l'EI contrôle actuellement la moitié du territoire syrien, principalement les régions du nord et de l'est, et avance dans le centre.
- Attaque de l'EI à Hassaké -
Le groupe jihadiste a lancé samedi une attaque à la périphérie de la ville de Hassaké (nord-est), capitale de la province éponyme que le groupe jihadiste tente de capturer depuis février, selon l'OSDH. Forces du régime et combattants kurdes se partagent actuellement le contrôle de cette ville mixte arabe et kurde.
L'EI, accusé de crimes contre l'Humanité, sème la terreur dans les zones sous son contrôle en Irak et en Syrie, n'hésitant pas à décapiter et crucifier ce qu'il considère comme ses "ennemis".
Dans la province irakienne d'Al-Anbar, frontalière de la Syrie, les forces fédérales, aidées dans leur contre-offensive par des milices chiites, ont repris un secteur à l'ouest de Ramadi, sa capitale conquise le 17 mai par l'EI.
Elles ont libéré un bâtiment officiel qui servait de base à l'EI, a indiqué un officier.
Les forces de sécurité "resserrent l'étau autour de Ramadi", a pour sa part expliqué le chef de la police provinciale Hadi Rzayej.
Selon un colonel, l'EI a par ailleurs lancé une série de huit attentats suicide à la voiture piégée sur une base militaire dans l'est de la province d'Al-Anbar mais l'armée, équipée de missiles guidés anti-chars Kornet, a réussi à toutes les stopper.
Après la fuite de dizaines de milliers d'Irakiens de la zone de Ramadi, l'ONG Human Rights Watch a appelé les autorités irakiennes à "lever les restrictions" qui empêchent des milliers de familles -principalement sunnites- à quitter le secteur des combats pour se réfugier à Bagdad.