Cinq paramilitaires poursuivis pour viols durant le conflit guatemaltèque

Le procès de cinq anciens paramilitaires guatémaltèques poursuivis pour des violences sexuelles commises dans les années 1980 sur 36 femmes indigènes mayas pendant le conflit armé (1960-1996) s'est ouvert mercredi dans la capitale.

Les accusés sont d'anciens membres des patrouilles paramilitaires d'autodéfense civile (PAC), qui participent au procès par vidéoconférence depuis la prison de Mariscal Zavala où ils sont détenus.

De 1960 à 1995 la junte militaire au pouvoir était opposée à divers groupes rebelles de gauche soutenus par les peuples autochtones mayas. Le conflit a pris fin avec la signature sous l'égide de l'Onu de l'accord de paix en 1996 mettant fin aux hostilités qui ont fait quelque 200.000 morts ou disparus.

Les faits poursuivis se seraient déroulés entre 1981 et 1985 dans la municipalité de Rabinal, au nord de la capitale guatémaltèque, durement éprouvée par le conflit où une fosse commune contenant 3.000 victimes a été mise au jour.

L'action en justice a débuté il y a dix ans, lorsque 11 femmes ont fait état auprès des tribunaux des viols dont elles ont été victimes, puis d'autres plaignantes les ont rejointes.

Au cours des débats seront diffusés les témoignages enregistrés de plusieurs femmes dont l'identité ne sera pas divulguée. Cinq plaignantes participeront en présentiel au procès pour exposer les faits, a déclaré à la presse l'avocate Lucia Xiloj qui les représente.

Des experts seront appelés à expliquer la stratégie de contre-insurrection mise en oeuvre par l'armée et les groupes paramilitaires afin d'exposer les outrages subis par la population maya car de nombreuses femmes "ont été violées après la disparition de leurs maris", a ajouté l'avocate.

La lauréate du prix Nobel de la paix 1992, Rigoberta Menchu, a déclaré mardi avant l'ouverture du procès que cette affaire constitue un défi pour l'Etat car "il n'a pas rempli son obligation de défendre ces soeurs qui ont été violées, torturées, humiliées et soumises à l'esclavage (sexuel) pendant tant d'années de conflit armé".

Une commission de vérité des Nations unies qui a enquêté sur les crimes de guerre au Guatemala a recensé 669 massacres (assassinat simultané d'au moins trois personnes, selon la définition de l'ONU) et documenté que 93% des violences avaient été commises par l'appareil d'Etat.

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