Les Etats-Unis ont accusé vendredi la Russie d'avoir "prépositionné" des agents en Ukraine pour mener une opération qui puisse servir de "prétexte pour une invasion" par les forces de Moscou.
"La Russie jette les bases pour avoir la possibilité de créer de toutes pièces un prétexte pour une invasion, y compris à travers des actes de sabotage et des opérations d'information, en accusant l'Ukraine de préparer une attaque imminente contre les forces russes dans l'est de l'Ukraine", a dit un haut responsable américain en détaillant les renseignements dont dispose Washington.
"L'armée russe prévoit de commencer ces activités plusieurs semaines avant une invasion militaire, qui pourrait commencer entre mi-janvier et mi-février", a-t-il mis en garde, estimant qu'une telle attaque pourrait s'accompagner de "violations généralisées des droits humains et de crimes de guerre" en cas d'échec de la diplomatie.
Ces accusations détaillées interviennent après qu'une série de rencontres de haut niveau entre Occidentaux et Russes cette semaine n'ont pas permis de désamorcer le risque d'un nouveau conflit en Ukraine.
Le gouvernement américain met en garde depuis plusieurs semaines contre la possibilité que Moscou, qu'il accuse d'avoir déployé près de 100.000 soldats à la frontière ukrainienne en vue d'une potentielle offensive, crée auparavant un "prétexte" pour passer à l'acte.
- "Opérations sous fausse bannière" -
Le conseiller du président Joe Biden pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, l'avait encore dit jeudi devant la presse, promettant des détails quant aux conclusions du renseignement américain -- tout en précisant que ce dernier pensait que le Kremlin n'avait pas encore pris une décision définitive quant à une éventuelle attaque.
"Nous avons vu cette stratégie à l'oeuvre en 2014", lorsque la Russie a annexé la Crimée ukrainienne, "ils préparent cette stratégie à nouveau", a prévenu Jake Sullivan.
Selon le haut responsable qui a fourni vendredi ces précisions, les plus détaillées à ce jour, Washington "dispose d'informations indiquant que la Russie a déjà prépositionné un groupe d'agents pour mener des opérations sous fausse bannière dans l'est de l'Ukraine". "Ces agents sont entraînés à la guérilla urbaine et à l'utilisation d'explosifs pour mener des actes de sabotage contre les forces alliées de la Russie", en se faisant passer pour des Ukrainiens, a-t-il ajouté.
"Nous informations indiquent aussi que des leaders d'opinion russes ont déjà commencé à créer des provocations ukrainiennes dans les médias publics et les réseaux sociaux pour justifier une intervention russe et semer la division en Ukraine", a poursuivi ce responsable. A titre d'exemple, il a évoqué une augmentation des éléments de langage sur une prétendue "dégradation de la situation des droits humains en Ukraine" et sur un "militantisme accru des dirigeants ukrainiens".
"Ces éléments de langage attribuent aussi à l'Occident la responsabilité de l'escalade des tensions" et "font la promotion du patriotisme russe pour encourager un soutien national en faveur d'une action militaire", a-t-il dit.
D'après le renseignement américain, les messages en russe concernant ces éléments sur les réseaux sociaux sont passés à environ 3.500 publications par jour en décembre, soit "une hausse de 200% par rapport à la moyenne quotidienne de novembre".