Génocide au Rwanda: l'amiral Lanxade n'exclut pas que Barril ait eu une aide de l'Elysée

Entendu fin janvier comme témoin dans l'enquête sur le rôle joué par Paul Barril pendant le génocide des Tutsi, l'amiral Jacques Lanxade n'a pas exclu qu'il ait pu avoir un soutien de l'Elysée pour se rendre au Rwanda, a appris vendredi l'AFP de source proche du dossier.

M. Lanxade, 87 ans, a été interrogé le 27 janvier par la juge d'instruction parisienne chargée des investigations, après une demande d'acte en ce sens formulé par l'association Survie.

Partie civile dans le dossier, elle avait déposé en 2013 avec la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l'Homme (LDH) une plainte pour complicité de génocide visant M. Barril, ex-gendarme de l'Elysée sous François Mitterrand reconverti dans les années 1980 dans la sécurité de chefs d'Etat africains.

Au coeur des accusations des trois ONG: la présence de Paul Barril au Rwanda en plein génocide et la signature d'un contrat de formation militaire et de conseil le 28 mai 1994 avec le gouvernement intérimaire rwandais (GIR), alors qu'un embargo international avait été imposé par l'ONU. M. Barril conteste avoir signé ce contrat.

Derrière ces activités, les associations soupçonnent aussi le président François Mitterrand ou le gouvernement d'Edouard Balladur d'avoir potentiellement utilisé le capitaine Barril au service d'une "stratégie indirecte" de la France pour soutenir le régime rwandais face aux rebelles, une accusation objet de vives controverses depuis plus de vingt-cinq ans.

A l'époque des faits, l'amiral Lanxade était chef d'état-major des armées.

Au centre de son audition, dont l'AFP a eu connaissance, une escale sur la base aérienne militaire d'Istres de l'avion à bord duquel se trouvait l'équipe de Paul Barril avant de rejoindre le Rwanda.

Le militaire assure n'avoir eu "aucune information" à l'époque sur ce déplacement.

Qui a donné son aval pour que le Falcon-900 puisse atterrir à Istres? "Il a fallu, à mon avis, que quelqu'un ayant autorisé dise au centre d'essais en vol +vous allez recevoir l'avion+", avance M. Lanxade.

Interrogé pour savoir si cela pouvait être le chef d'état-major particulier du président, poste occupé à l'époque par Christian Quesnot, il répond: "ça pourrait".

Le général Quesnot est l'auteur de la note à François Mitterrand évoquant une "stratégie indirecte" pour rétablir un équilibre dans la région.

Que signifie "stratégie indirecte"? demande la magistrate à l'amiral.

Pas "une implication militaire", mais "ça peut être l'utilisation d'autres moyens, voire de mercenaires", répond-il, précisant toutefois qu'il n'en avait "jamais parlé" avec le général Quesnot et n'avait "pas l'intention" de l'accuser.

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