01.04.08 - RWANDA/CANADA - UNE CONFERENCE SUR LE GENOCIDE RWANDAIS DECHAINE LES PASSIONS AU CANADA

Montréal, 1er avril 2008 (FH) – Des incidents ont perturbé samedi une conférence réunissant à Montréal des intellectuels contestant l’histoire du génocide rwandais telle qu’elle est généralement admise, a constaté un journaliste de l’Agence Hirondelle.

Republier

Une dizaine de voitures de police faisait face à des manifestants qui, réunis devant la salle où se tenait la conférence intitulée « Les médias et le Rwanda: la difficile recherche de la vérité », dénonçaient avec vigueur « une conférence de la honte ».

En dépit d’un important service d’ordre déployé à l’intérieur de la salle, les débats ont été régulièrement interrompus par des membres du public, qui huaient les conférenciers et les traitaient de « négationnistes » et de « racistes ».

La table des orateurs était composée du Français Pierre Péan, du Canadien Robin Philpot, tous deux écrivains et journalistes, et de l’Espagnol Jordi Palou-Loverdos, avocat à l'origine d'une plainte ayant récemment abouti à l'émission de mandats d'arrêt à l'encontre de quarante officiers membres du FPR, le Front patriotique rwandais, ancien parti tutsi du président Paul Kagamé.

Le journaliste belge Peter Verlinden s’est quant à lui exprimé par vidéo, racontant les déboires qu’il connaît pour se rendre au Rwanda, depuis qu’il a réalisé des reportages dénonçant le régime de Paul Kagamé. « Je ne nie pas le génocide des Tutsis, mais je refuse la version de Kigali. J'affirme qu'il y a eu aussi depuis 1990 des massacres de masse de Hutus, que la justice d'abord, puis l'histoire, probablement ensuite, qualifiera un jour de génocide », a déclaré pour sa part Pierre Péan.

Selon le Français, la vérité est « tapie dans des tonnes de documents administratifs et militaires ; dans quelques pays qui ont été des acteurs directs ou indirects (…) ; dans des documents judiciaires, à Arusha, Paris et Barcelone, dans des livres, dans de nombreux rapports ».

Pourtant, a-t-il poursuivi, « ces masses impressionnantes de petits ou grands bouts de la vérité ne font pas encore le poids face à la vérité officielle imposée par Kigali.»

Selon le journaliste auteur de nombreux ouvrages à succès, l'histoire du génocide telle que défendue par Kigali constitue « le socle de la légitimité du régime du FPR », du président Paul Kagamé. « Si cette question officielle tombe, c'est Kagamé qui tombe », a-t-il dit dans une cacophonie d’applaudissements et de huées.
« Je m’aperçois dans une réunion comme ça que le chemin vers la vérité est très long encore. Je ne pensais pas que la conférence serait si chaude », a-t-il dit à l’Agence Hirondelle.

M. Péan doit comparaître du 23 au 25 septembre devant la 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris pour « complicité de diffamation raciale » et "complicité de provocation à la haine raciale", après que l'association française SOS-Racisme a déposé une plainte, estimant que dans son livre « Noires fureurs, blancs menteurs », le journaliste reprenait des « présupposés de l'idéologie génocidaire ». Une vingtaine de passages de son livre sont visés.

Vingt cinq témoins seront cités par les parties. Pierre Pean a déclaré à l’Agence Hirondelle aller « très tranquillement » devant la justice.

CS/PB/GF
© Agence Hirondelle

Republier
Justice Info est sur WhatsApp
Découvrez notre première Chaîne WhatsApp et recevez, en temps réel, une notification pour chaque publication mise en ligne sur notre site, avec un résumé et des extraits ou citations. Chaque soir, vous aurez accès à notre revue des dépêches AFP du jour. Chaque fin de semaine, un récapitulatif de nos publications.