30.04.08 - BURUNDI/JUSTICE - LE BURUNDI TENTE DE ROMPRE AVEC L'AMNESIE GENERALE LORS D'UN COLLOQUE

Bujumbura 30 avril 2008 (FH) - A l'initiative de l'organisation non gouvernementale Global Rights, les trois principales radios privées du Burundi ont décidé de revenir sur les événements de 1972 et de mobiliser la société civile, les médias et les hommes politiques pour presser la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle.

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En ouvrant ce forum mardi soir, Jeannine Nahigombeye (Global Rights) a expliqué : "Le temps de la vérité étouffée par le silence est révolu (...) nous devons rompre avec la politique de l’amnésie générale". Les trois radios privées de la capitale RSF Bonesha, Isanganiro et Radio publique africaine retransmettent ces débats.

Une vingtaine de personnes invitée au forum ont discuté sur le thème, « Commémorer pour reconstruire ». Tous à l’unanimité, y compris les deux ex Chefs d’Etat Pierre Buyoya et Domitien Ndayizeye ont reconnu que le Burundi connaît des massacres persistants parce que la crise de 1972 reste taboue. « Personne ne peut le nier, si la situation de 1972 était réglée, on aurait jamais connu les massacres de 1988, 1993, jusqu’aujourd’hui » a dit l'un d'entre eux .

Selon des représentants de la société civile, l’absence d’un pouvoir responsable et incapable de réhabiliter les victimes des massacres doit être mis en cause. "Nous avons un problème de volonté politique parce que parmi tous ceux qui nous ont gouverné beaucoup ont à répondre de ces massacres », a déclaré Christophe Sebudandi de l’OAG (Observatoire de l’Action Gouvernementale). « Le Burundi a besoin d’un leadership politique visionnaire, courageux et décidé » a renchérit le professeur Joseph Ndayisaba, psychopédagogue burundais.

Chercher la vérité s’impose en menant des investigations selon certaines personnes interrogées par Hirondelle à Bujumbura. « La justice est indispensable pour établir les responsabilités et punir les coupables, afin de sortir de cette escalade de la violence » a martelé Dr Pie Masumbuko, membre du premier gouvernement du Burundi indépendant.

Le Président Buyoya a fait savoir que des signes présagent un mauvais avenir du pays si la situation ne s’améliore pas, « Il y a grand risque qu’on replonge dans les massacres de 72 si la situation sécuritaire reste confuse », a-t-il souligné.

L’OAG a indiqué que des enseignements à base ethnique sont propagés dans le pays aujourd’hui, lesquels enseignements ont été toujours l’origine de violences au Burundi.

Ce 29 avril, les burundais se sont rappelés des massacres terribles du 29 avril 1972, commis par le régime Micombero et qui ont coûté la vie du dernier roi du Burundi, Charles Ndizeye, connu sous le nom dynastique de Ntare V. Plus de 300.000 personnes avaient alors été tuées.

EM/PB/GF
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