17.11.08 - TPIR/KALIMANZIRA - CALLIXTE KALIMANZIRA ENTAME SA DEFENSE

Arusha, 17 novembre 2008 (FH) - Callixte Kalimanzira, un ancien haut responsable de l'administration rwandaise accusé de génocide devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a entamé lundi la présentation de sa défense, qui devrait durer trois semaines.

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Kalimanzira, un agronome de formation, a assuré en avril et mai 1994 le fonctionnement du ministère de l'Intérieur. Le ministre, dont il était le directeur de cabinet, n'est pas revenu au Rwanda après la mort du président Juvénal Habyarimana.

L'accusation est "fragile car peu crédible (...) elle a volontairement choisi de construire son édifice sur des sables mouvants », a assené dans sa déclaration liminaire, Me Arthur Vercken, l'avocat de Kalimanzira.

Le défenseur français a relevé que dans ce procès d'un ancien haut fonctionnaire, le procureur avait cité comme témoins «13 cultivateurs, 2 petits commerçants, quelques modestes ouvriers et un taxi-moto». C'est, a-t-il dit, "une multitude de 53 micro accusations réparties sur près de 3 mois dans 5 grandes communes du Rwanda". "Sur ces faits vieux de 14 ans" a-t-il dit "la défense a disposé de 4 mois et demi pour enquêter dans une obscurité quasi complète".

«Plus de la moitié des témoins (à charge) ont été condamnés à de très lourdes peines au Rwanda, six sont encore emprisonnés » a souligné l'avocat qui a dénoncé "l'énorme pression qui pèse dans ce pays sur les prisonniers et sur les citoyens".

« Callixte Kalimanzira s'est rendu volontairement aux autorités tanzaniennes (le 08 novembre 2005) lorsqu'il a appris qu'il était recherché par le TPIR (...) Il n'a pas fui la justice, il a devancé l'appel lorsque le procureur a annoncé qu'il souhaitait l'entendre », a expliqué Vercken.

« Entrer en voie de condamnation contre Callixe Kalimanzira, c'est commettre une exaction, une injustice », a conclu Me Vercken avant de citer le premier témoin dont l'essentiel de la déposition s'est déroulée à huis clos.

Le procès s'est ouvert le 5 mai dernier. Kalimanzira qui plaide non coupable est poursuivi pour génocide, complicité dans le génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide.

Le procureur a terminé son accusation le 30 juin après avoir fait comparaître 24 témoins en 16 jours d'audience. Les faits les plus graves concernent le rôle qu'il aurait joué dans le massacre de milliers de Tutsis qui avaient cherché refuge sur la colline de Kabuye, dans la sous-préfecture de Gisagara (préfecture de Butare) vers fin avril 1994.

« Des réfugiés tutsis se sont approchés de lui, lui ont demandé de l'aide mais au lieu de cela, il a encouragé les assaillants à poursuivre le massacre », avait affirmé Christine Graham (Suède), du bureau du procureur, à l'ouverture du procès.

Perpétrées par des soldats, des miliciens Interahamwe et des réfugiés burundais, les tueries de Kabuye ont duré plusieurs jours, selon l'accusation.

Dans la préfecture de Butare, le génocide n'a commencé que vers la fin avril 1994 après une réunion publique à laquelle participaient plusieurs membres du gouvernement intérimaire dont le président Théodore Sindikubwabo et le Premier ministre Jean Kambanda.

De nombreux spécialistes soutiennent que les discours prononcés lors de cette réunion du 19 avril 1994 appelaient les Hutus de Butare à commencer les massacres de Tutsis.

Pour le bureau du procureur, Kalimanzira, qui a joué le rôle de maître de cérémonies ce jour-là, a entièrement apporté son appui aux orateurs. L'accusé venait du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), le parti du présidentiel de l'époque.

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