31.10.08 - TPIR/JUGEMENTS - VERDICT EN DECEMBRE POUR UN CHANTEUR ET UN BEAU-FRERE DE L'EX-PRESIDENT

Arusha, 31 octobre 2008 (FH) - Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) rendra ses jugements en décembre prochain dans les procès du chanteur Simon Bikindi et de Protais Zigiranyirazo, beau-frère de l'ex-président Juvénal Habyarimana.

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Le verdict tombera le 2 décembre pour Bikindi, selon une source proche du dossier, et le 18 décembre pour Zigiranyirazo, selon un communiqué officiel du TPIR. En mai dernier, le procureur avait requis la prison à vie dans les deux affaires tandis que les accusés avaient demandé leur acquittement.

Premier artiste mis en accusation par le TPIR, Bikindi répond de six chefs d'accusation: entente en vue de commettre le génocide, génocide, complicité de génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, assassinat et persécution.

Au cœur du procès se trouvent trois chansons en langue rwandaise interprétées de façons divergentes par le procureur et par la défense. L'accusation soutient qu'il s'agit d'appels à l'unité des Hutus en vue de se débarrasser des Tutsis, tandis que Bikindi affirme ne chanter que la paix et la démocratie dans ses œuvres incriminées.

Pendant le procès, chaque partie a cité son expert rwandais pour appuyer son interprétation des trois chansons dont les textes sont parfois alambiqués, et généralement ambigus.

Bikindi est par ailleurs accusé d'avoir participé à des massacres de Tutsis dans la préfecture de Gisenyi (nord) dont il est originaire. L'auteur- compositeur a été arrêté aux Pays Bas en juillet 2001 et son procès s'est ouvert en septembre 2006.

Dit « Monsieur Z », Zigiranyirazo est accusé d'entente en vue de commettre le génocide, génocide, complicité de génocide, assassinats et extermination. Selon l'accusation, il aurait, entre autres crimes, participé dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, à la résidence présidentielle, à l'élaboration d'une liste de personnes à tuer pour venger l'assassinat de son beau-frère, le président Juvénal Habyarimana.

De son côté, l'accusé affirme n'être arrivé chez sa sœur que dans la journée du 8 avril 1994.

Zigiranyirazo fut préfet de Ruhengeri (nord) avant de démissionner en 1989, officiellement pour faire des études au Canada d'où il fut expulsé en 1990.

En 1994, il n'occupait plus de fonctions officielles mais l'accusation soutient qu'il avait gardé, du fait de son appartenance à la famille présidentielle, de l'influence sur les militaires, les gendarmes et les miliciens Interahamwe, principaux bras armés du génocide.

Il a été arrêté à Bruxelles en juillet 2001 et son procès a débuté en octobre 2005. Bikindi et Zigiranyirazo ont été jugés par une chambre du TPIR présidée par la juge Monica Weinberg de Rocca dont le mandat s'achève à la fin de cette année.

Ces jugements seront les second et troisième à être prononcés en 2008 par le TPIR à l'encontre de responsables présumés du génocide.

Seul l'ancien magistrat Siméon Nshamihigo a entendu son jugement cette année, le 24 septembre dernier. A ce jour, ce jugement n'a pas encore été publié ni communiqué aux parties.

Depuis sa création en 1994, le TPIR a prononcé 36 jugements.

Le président du tribunal, Dennis Byron, a annoncé au début du mois aux Nations unies que des jugements concernant 38 personnes seraient rendus dans les prochains 14 mois.

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