22.10.08 - RWANDA/EGLISE - MEURTRE D'EVEQUES EN 1994 : VERDICT VENDREDI POUR LES QUATRE OFFICIERS

Kigali, 22 octobre 2008 (FH) - La Cour militaire de Kigali rendra son jugement vendredi dans le procès de quatre officiers rwandais, dont un général, accusés du meurtre, en juin 1994, à Kabgayi, dans le centre du Rwanda, d'une dizaine de responsables de l'église catholique, dont trois évêques.

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Le 24 septembre, le procureur militaire, le capitaine Kayijuka Ngabo, avait requis la prison à vie contre le général Wilson Gumisiriza et le major Wilson Ukwishaka qui ont rejeté, tout au long de la procédure, toute implication dans ce multiple meurtre.

Ngabo avait par ailleurs demandé 15 ans de prison contre les capitaines John Butera et Dieudonné Rukeba, qui ont plaidé coupable.

Le général et le major avaient, dans leur défense, fait valoir qu'ils ne savaient pas que leurs hommes allaient commettre ce crime.

De leur côté, les capitaines Butera et Rukeba avaient avoué avoir été poussés à la vengeance par des récits entendus sur leur passage et selon lesquels ces autorités spirituelles avaient étroitement collaboré avec les bras armés du génocide.

Les quatre officiers ont été arrêtés le 11 juin dernier, à la suite, selon l'armée rwandaise, d'enquêtes conjointes du parquet général rwandais et du procureur au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Leur procès a débuté le 19 août dernier.

Le procureur du TPIR, Hassan Bubacar Jallow, avait averti au lendemain de l'arrestation, que la justice rwandaise pouvait être dessaisie du dossier si le procès ne répondait pas aux standards internationaux en la matière.

Interrogé il y a un mois par l'agence Hirondelle, le Camerounais William Egbe, chargé par Jallow de faire le suivi de cette procédure, avait refusé de donner son appréciation sur le déroulement du procès. « Je fais directement rapport au procureur (Jallow) lui-même. Lui seul est compétent pour donner cet avis », avait répondu M. Egbe, avocat général principal au TPIR.

Selon une source au parquet militaire à Kigali, il y avait à chaque audience un représentant du bureau du procureur du TPIR et toutes les remises étaient portées à la connaissance de l'équipe de Jallow pour lui permettre de s'organiser.

Tous les quatre accusés étaient, au moment des faits visés dans le procès, membres de la branche armée du Front patriotique rwandais (FPR, ex-rébellion actuellement au pouvoir à Kigali).

Parmi ces ecclésiastiques tués le 5 juin 1994, à Kabgayi, presque tous des Hutus, figuraient l'archevêque de Kigali, Vincent Nsengiyumva, l'évêque de Byumba (nord) Joseph Ruzindana, et l'évêque de Kabgayi, Thaddée Nsengiyumva, alors président de la Conférence des évêques catholiques du Rwanda.

L'archevêque Nsengiyumva, ancien membre du « Comité central » à l'époque du parti unique, était un ami de la famille du président Juvénal Habyarimana dont l'assassinat le 6 avril 1994 servit de détonateur du génocide dans lequel furent tués, selon l'ONU, près de 800.000 personnes, essentiellement d'ethnie tutsie.

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