La Banque centrale européenne a annoncé jeudi un nouvel instrument pour protéger les Etats les plus fragiles contre des attaques spéculatives sur leur dette, les marchés ayant en ligne de mire l'Italie où s'ouvre une période d'instabilité politique.
Cet outil "pourra être activé pour contrer les dynamiques de marché injustifiées et désordonnées qui menacent gravement la transmission de la politique monétaire dans la zone euro" qui vise un taux d'inflation de 2% à moyen terme, selon un communiqué à l'issue du Conseil des gouverneurs.
Depuis l'annonce en juin d'un durcissement de la politique monétaire par la BCE, concrétisé jeudi avec la première hausse des taux directeurs depuis 2011, les taux d'intérêt des dettes publiques européennes ont grimpé en flèche et l'écart entre les taux d'emprunts des différents pays s'est creusé.
La BCE parle de "fragmentation" de la zone euro qui gêne sa politique et doit donc être combattue.
L'emprunt de l'Italie se négociait jeudi en matinée au taux moyen de 3,55%, soit 223 points de base au-dessus du taux allemand à 10 ans, réputé sans risque.
Cet écart se resserrait légèrement, à 219 points de base, après les annonces de la BCE.
Face au risque d'une telle "fragmentation" allant en s'aggravant, voire d'une nouvelle crise de la dette comme celle de 2012, l'institution de Francfort a dégainé un nouvel outil censé calmer l'emballement des marchés.
Une des caractéristiques majeure de ce programme dénommé "TPI" (pour "Transmission Protection Instrument", "instrument de protection de la transmission") est que les achats de dette seront potentiellement illimités pour contrer les attaques spéculatives.
L'ampleur des achats au titre du TPI dépendra "de la gravité des risques auxquels est confrontée la transmission des politiques" monétaires.
D'autres détails, notamment les conditions dans lesquelles l'outil va s'appliquer, seront l'objet d'un communiqué publié à 15H45 (13H45 GMT).
En assurant une meilleure "transmission" de ses décisions auprès des entreprises et ménages, le "TPI" permettra à la BCE "de remplir plus efficacement son mandat en matière de stabilité des prix", ajoute l'institut.
La BCE a par ailleurs mis fin jeudi à l'ère des taux d'intérêts négatifs en zone euro avec un relèvement de 0,50 point, plus qu'attendu, pour marquer sa détermination à combattre l'inflation galopante et mettre fin à une décennie d'argent facilement accessible en zone euro
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