09.02.09 - TPIR/KAREMERA - LE PROCES DES DIRIGEANTS DU MRND TOUJOURS DANS L'IMPASSE

Arusha, 09 février 2009 (FH) - Le procès de trois anciens dirigeants de l'ex-parti présidentiel rwandais, jugés au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité, est toujours dans l'impasse, à cause du mauvais état de santé de l'un d'entre eux.

2 min 43Temps de lecture approximatif

Mathieu Ngirumpatse, alité depuis plusieurs mois, était président du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), Edouard Karemera, vice-président et Joseph Nzirorera, secrétaire général du parti.

« Mon esprit est entièrement occupé par l'état de santé de mon client (...) Il se bat pour nous rejoindre le plus rapidement possible », a déclaré lundi Me Chantal Hounkpatin, conseil principal de Ngirumpatse à l'ouverture d'une conférence de mise en état qui n'a pas réussi à sortir le procès de l'enlisement.

« Mathieu Ngirumpatse est toujours hospitalisé à Nairobi », a confirmé le docteur Marie-Françoise Epée-Hernandez, du service médical du tribunal, faisant état cependant d'une certaine amélioration.

Elle a précisé que l'ancien dirigeant devait encore suivre 3 mois de traitement.

Depuis son lit d'hôpital, Ngirumpatse a écrit à la chambre pour demander la suspension de la procédure, en faisant valoir son droit fondamental d'être physiquement présent à son procès. Dans cette lettre lue à l'audience par son co-conseil, Frédéric Weyl, l'accusé malade demande un report de 3 mois.

Cette impasse a poussé la chambre à envisager une nouvelle fois une disjonction d'instances. Les équipes de défense se sont aussitôt levées unanimement pour exprimer, pour certaines en termes durs, leur opposition à la disjonction.

« Je sorts de cette audience profondément meurtri (...) C'est terrible », a protesté Me Weyl qui n'a pas hésité à accuser la chambre de faire du « chantage » sur son client pour qu'il accepte la poursuite du procès en son absence. «La disjonction, c'est la mort. Pour Mathieu Ngirumpatse, pas de disjonction », a plaidé l'avocat français, estimant que les juges menaçaient son client de « renvoi au placard de l'oubli ».

Abondant dans le même sens, Dior Diagne, l'avocate principale de Karemera, a comparé la menace de disjonction à « une véritable épée de Damoclès suspendue au dessus de la tête de la défense ».

La chambre avait envisagé de siéger seulement trois jours par semaine pour permettre aux avocats de Ngirumpatse d'aller travailler avec leur client pendant le reste de la semaine. Le greffe s'était engagé, quant à lui, à faire parvenir régulièrement au malade les enregistrements vidéo des auditions.

En s'élevant contre cet arrangement, Me Patrick Nimy Mayidika, co- conseil de Nzirorera, a prié la chambre de ne pas rajouter au mauvais état de Ngirumpatse en l'obligeant à se plonger dans les procès- verbaux.

La conférence de mise en état a été ajournée à jeudi. L'impasse qui perdure depuis le mois d'août dernier a interrompu le défilé des témoins de Karemera, premier à présenter sa défense.

Les trois hommes comparaissent depuis septembre 2005. Un premier procès dans lequel ils étaient jugés avec une autre personnalité avait été annulé par la chambre d'appel en octobre 2004 après une année d'audiences. Les vicissitudes de ce procès portent un coup dur à la stratégie de fin de mandat de ce tribunal auquel le Conseil de sécurité a demandé avec insistance de terminer les procès en première instance d'ici à la fin de l'année.

ER/GF

© Agence Hirondelle