Les Ouïghours, une minorité musulmane chinoise

Contre l'avis de Pékin, l'ONU a publié un rapport très attendu sur les violations des droits de l'homme supposées au Xinjiang, une région chinoise où vivent de nombreux Ouïghours et autres membres de minorités musulmanes.

Voici ce qu'il faut savoir sur ce groupe ethnique et sur ce vaste territoire, grand comme trois fois la France.

- Qu'est-ce que le Xinjiang? -

C'est une vaste région semi-désertique et montagneuse située dans le nord-ouest de la Chine.

Elle représente environ un sixième du territoire chinois et partage une frontière avec huit pays, principalement d'Asie centrale mais aussi avec la Russie et le Pakistan.

Sa position stratégique sur l'ancienne route de la soie a fait du Xinjiang un carrefour de cultures et d'influences.

La région compte environ 26 millions d'habitants, en particulier des Ouïghours, des Kazakhs et des Hans, majoritaires en Chine.

Hormis des paysages naturels époustouflants qui attirent de nombreux touristes (canyons, prairies, lacs, montagnes enneigées), le Xinjiang dispose d'importantes ressources naturelles, dont du pétrole, des métaux et des pierres précieuses.

De par sa situation géographique enclavée, le Xinjiang est longtemps resté à la marge du développement économique en Chine, avec de connaître une croissance plus importante.

- Qui sont les Ouïghours? -

Les Ouïghours est le principal groupe ethnique du Xinjiang.

Musulmans sunnites pour la plupart, ils parlent à la base une langue turcique (proche du turc) et ont des similarités sur le plan culturel avec d'autres peuples d'Asie centrale.

Environ 12 millions de Ouïghours vivent au Xinjiang, en particulier dans le sud aride de la région.

Majoritaires avant la prise du pouvoir à Pékin par les communistes en 1949, ils ne représentent aujourd'hui que 45% de la population du Xinjiang.

Certains Ouïghours ont un ressenti à l'égard des Hans, accusés d'avoir davantage tiré profit du développement.

Le pouvoir central est également accusé de restreindre voire d'interdire certaines de leurs pratiques culturelles, religieuses et linguistiques.

- Pourquoi sont-ils ciblés? -

Pendant plusieurs décennies, le Xinjiang et d'autres régions de Chine ont été frappés par des attentats attribués à des islamistes ou des séparatistes ouïghours. En particulier de 2009 à 2014.

Une attaque-suicide avec un véhicule piégé, imputée à des Ouïghours, avait notamment visé en 2013 la place Tiananmen à Pékin.

Depuis, le Xinjiang fait l'objet d'une intense surveillance: caméras omniprésentes, portiques de sécurité dans les bâtiments, forces armées très visibles dans les rues, restrictions à la délivrance des passeports...

Au nom de la lutte antiterroriste et pour combattre l'extrémisme religieux, les autorités découragent voire interdisent certaines pratiques liées à l'islam, dont le port de longues barbes ou de voiles islamiques.

- De quoi est accusé Pékin? -

Des études occidentales, fondées sur des interprétations de documents officiels, des témoignages de victimes présumées et des extrapolations statistiques, accusent Pékin d'avoir interné dans des "camps" au moins un million de personnes, majoritairement ouïghoures.

La Chine dément ces accusations et dénonce ce qu'elle appelle le "mensonge du siècle".

Pékin présente les "camps" comme des "centres de formation professionnelle" destinés à combattre l'extrémisme religieux et à former les habitants à un métier, afin d'assurer la stabilité sociale.

Des études occidentales évoquent également du "travail forcé" au Xinjiang et un "génocide" en raison de stérilisations et d'avortements présentés comme "forcés".

La Chine réfute ces allégations. Mais les autorités concèdent appliquer au Xinjiang, comme partout ailleurs dans le pays, sa politique de limitation des naissances, pendant longtemps mise en oeuvre avec laxisme dans la région.

Dans son rapport publié mercredi, l'ONU évoque de possibles "crimes contre l'humanité", sans toutefois mentionner le terme de génocide.

Le document fait cependant état de "preuves crédibles" de tortures et de violences sexuelles à l'égard de la minorité ouïghoure.

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