03.04.09 - RWANDA/GACACA - OBJECTIF ATTEINT POUR LES GACACAS, SELON UN OFFICIEL RWANDAIS

Kigali, 3 avril 2009 (FH) - Dispersées sur tout le territoire rwandais, les juridictions gacacas, établies en 2001 pour juger la masse considérable de personnes suspectées d'avoir participé au génocide de 1994, ont délivré 1,1 million de jugements et n'ont plus que 3.000 affaires à juger, selon Denis Bikesha, du Service national des juridictions gacacas (SNJG), l'organe gouvernemental chargé de superviser et de coordonner l'activité des ces tribunaux.

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« Nous avons atteint notre objectif à 99 % », a déclaré jeudi à Kigali le directeur de la formation, de la mobilisation et de la sensibilisation au SNJG, Denis Bikesha, à l'agence hirondelle. « Et nous sommes déterminés à clore les affaires pendantes d'ici juin 2009. »

Il existe au Rwanda 12.013 juridictions gacacas et 169.442 juges, a-t-il précisé.

D'après Denis Bikesha, les affaires incriminant des personnes pour des faits relevant des catégories deux et trois, soit les personnes accusées de meurtre sans préméditation, de coups et blessures et de pillages, sont quasiment épuisées. Les gacacas jugent à présent les personnes suspectées d'avoir été les planificateurs, les organisateurs, les instigateurs, les dépositaire d'une autorité quelconque, ou d'avoir commis des crimes sexuels.

En juin 2008, le législateur rwandais avait en effet transféré les affaires de génocide de première catégorie des cours conventionnelles aux juridictions semi-traditionnelles gacacas.

« Nous ne pouvons pas toujours copier la façon de faire occidentale », a expliqué Bikesha. « Les cours de justice classiques ne sont pas meilleures que nos cours traditionnelles. » « S'il m'était donné de choisir entre les deux systèmes, je choisirais les gacacas », a-t-il encore affirmé. « Je suis heureux qu'elle participent autant au processus de réconciliation entre les Rwandais. »

Dans un rapport de 2008, l'ONG Human Rights Watch s'inquiétait du niveau très bas de formation des juges gacacas et rapportait « les cas d'erreurs de procédure, de corruption judiciaire et de fausses accusations [qui] sapent la confiance que les victimes et les accusés ont dans les juridictions gacaca ».

Denis Bikesha s'est ensuite déclaré déçu quant au faible nombre de jugements rendus à Arusha (Tanzanie) par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), dont la mission est de juger les plus hauts responsables du génocide. Il a pointé également le coût élevé de cette organisation.

Depuis novembre 1994, le TPIR a rendu 44 jugements et a coûté plus de 1 milliard de dollars (USD).

NI/DC/GF

© Agence Hirondelle