20.04.09 - TPIR/BUTARE - UN EX-MINISTRE ACCUSEE D'AVOIR JOUE UN ROLE DANS LES MASSACRES ET LES VIOLS

Arusha, 20 avril 2009 (FH) - Le procureur près le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a soutenu lundi, au premier jour de ses réquisitions, que la seule femme détenue par cette juridiction, l'ex-ministre de la Famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, avait joué un rôle dans les massacres et les viols pendant le génocide.

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« Pauline Nyiramasuhuko n'était pas seulement une grande figure ; elle a été impliquée dans les massacres et les viols qui ont été commis (en 1994) à Butare », dans le sud du Rwanda, a déclaré Holo Makwaia.

« Au lieu de protéger les familles comme le stipulait son ministère, elle a décidé d'exterminer les familles », a assené Mme Makwaia qui devrait demander la peine maximale au terme de ses réquisitions mardi.

Première femme inculpée de génocide et d'incitation au viol par un tribunal international, Nyiramasuhuko, qui clame son innocence, comparaît notamment avec son fils, Arsène Shalom Ntahobali qui, avec ses 39 ans, est le plus jeune détenu du TPIR.

« Shalom Ntahobali n'était pas loin de sa mère ; il a tué et violé », a  poursuivi la représentante du procureur.

Prenant le relais, Madeleine Scharz  a abondé dans le même sens, en accusant l'ex-ministre d'avoir ordonné à son fils, aux miliciens et aux soldats de tuer les hommes tutsis, de séquestrer, violer et mettre à mort les filles et les femmes tutsies.

Shalom Ntahobali « a travaillé avec sa mère pour éliminer les Tutsis », a renchéri un autre membre de l'équipe de l'accusation, Lansana Dumbuya.

Citant un témoin à charge, Dumbuya a affirmé que Ntahobali avait enlevé une fille tutsie à un barrage routier près de chez lui, l'avait entraînée sur un pont, puis violée avant de la tuer avec une hache.

Ce procès implique également les anciens préfets de Butare, Sylvain Nsabimana et Alphonse Nteziryayo ainsi que les anciens maires Joseph Kanyabashi et Elie Ndayambaje.

Mme Makwaia a déclaré que sans les six accusés, le génocide n'aurait pas eu lieu à Butare.

Après la fin des réquisitions du procureur mardi, ce sont les équipes de défense qui se relayeront pour leurs plaidoiries finales.

Ce procès qui a débuté en juin 2001 est le plus long et sans doute aussi le plus coûteux de la justice pénale internationale.

Les débats ont été particulièrement longs en raison notamment de difficultés avec les témoins et de l'extrême lenteur des interrogatoires. Par ailleurs, plusieurs témoins experts ont été cités dans le procès, dont certains sont restés un mois dans le box. Lors de présentation des preuves à décharge, des conflits d'intérêt entre accusés sont venus rajouter à la lenteur.

NI-ER/GF

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