Les Occidentaux n'écartent pas une défaite face à la Chine au Conseil des droits de l'ONU

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La situation des droits de l'homme en Chine pourrait pour la première fois être débattue au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, mais les pays occidentaux n'écartent pas le risque de voir leur résolution défaite après les intenses pressions de Pékin.

Lors d'un vote public jeudi, les 47 Etats membres du haut organe des droits de l'homme de l'ONU doivent dire s'ils acceptent ou non d'organiser un débat sur la région autonome ouïghoure du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, où Pékin est accusé de crimes contre l'humanité.

C'est la première fois dans l'histoire du Conseil des droits de l'homme, créé en 2006, qu'un projet de résolution vise la Chine.

Le projet de texte a été déposé par les États-Unis, avec le soutien du Royaume-Uni, du Canada, de la Suède, du Danemark, de la Finlande, de l'Islande, de la Norvège, la Lituanie et l'Australie et demande que le débat sur le Xinjiang se tienne à l'occasion de la 52e session du Conseil (février/mars 2023).

Mais plusieurs observateurs estiment que la résolution pourrait ne pas obtenir les votes suffisants.

"Le vote va être très serré", a reconnu un diplomate occidental, auprès d'un petit groupe de journalistes.

Mais quelque soit l'issue du vote, "tout le monde a parlé" du Xinjiang, et donc "l'objectif numéro un a été atteint", a-t-il souligné.

Ces dernières semaines, la Chine a exercé en coulisse à Genève d'importantes pressions sur les pays pour contrer toute initiative à son encontre.

Le vote des pays africains membres du Conseil sera en particulier scruté de près, en raison de l'influence croissante de la Chine sur ce continent.

Selon une analyse publiée en septembre par des défenseurs des droits humains, les pays africains cèdent de plus en plus aux pressions chinoises lors des scrutins au Conseil.

La Chine, qui a largement investi ces dernières années en Afrique, notamment dans les infrastructures et dans l'exploitation de ses matières premières, est devenue la première créancière de certains pays africains.

Le projet de résolution fait suite à la publication le 31 août d'un rapport du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme sur le Xinjiang qui évoque de possibles "crimes contre l'humanité" et des "preuves crédibles" de tortures ainsi que de violences sexuelles et appelle la communauté internationale à agir.

Depuis plusieurs années, la Chine est accusée - preuves matérielles et documents à l'appui - par des pays occidentaux et des organisations de défense des droits de l'homme d'avoir enfermé au Xinjiang plus d'un million de Ouïghours et d'autres membres de minorités majoritairement musulmanes, y compris des Kazakhs, dans des camps.

Pékin a rejeté avec véhémence ces accusations et accusé l'ONU de devenir "le sbire et le complice des États-Unis et de l'Occident".

Sophie Richardson, directrice pour la Chine de l'ONG Human Rights Watch, a appelé les pays à voter en faveur de la résolution, estimant que la crédibilité du Conseil est "en jeu".